samedi 22 février 2014

Y aura-t-il un bilan de la situation linguistique ?


Texte mis en ligne sur Vigile.net le 20 février 2014

La loi fait obligation à l’Office québécois de la langue française (OQLF) de produire tous les cinq ans un bilan de la situation linguistique. Or, il ne l’a pas fait. Comment expliquer cette omission ?

Le dernier bilan a été rendu public en mars 2008. L’Office a ensuite mis en ligne un plan de travail pour la période 2008-2013. Dans son rapport annuel 2011-2012, l’OQLF écrit que « les travaux, qui s’échelonneront jusqu’en 2013, permettront de poser un diagnostic fiable sur la dynamique linguistique québécoise ». On aurait donc dû s’attendre à la publication d’un bilan en 2013. Or, en 2013, l’Office n’a publié qu’une seule étude, mais pas de bilan.

Les études effectuées dans le cadre du bilan 2008-2013 et qui ont été publiées à ce jour donnent de la situation du français un portrait parfois inquiétant. Mais on n’en a guère parlé. En effet, les études sur la langue du commerce et des affaires ont été opportunément lancées pendant le brouhaha du printemps étudiant.

Une de ces études montre qu’il y a eu un déclin léger, mais statistiquement significatif, de la présence du français dans l’affichage à Montréal de 1997 à 2010 et que 11 % de l’affichage de l’Ouest de l’Île est unilingue anglais.

Une autre étude a montré qu’en 2012, 18,3 % des commerces de la rue Sainte-Catherine (entre les rues Papineau et Atwater) avaient un affichage de leur nom (raison sociale) qui ne respectait pas les exigences de la Charte de la langue française.

Une troisième étude, portant sur la langue d’accueil et de service dans les commerces, a montré que, s’il y avait bien eu une amélioration dans certains secteurs comme le boulevard Saint-Laurent (où l’accueil en français est passé de 91 % en 1988 à 96 % en 2010), la situation du français s’était en revanche détériorée dans la Côte-des-Neiges et dans Snowdon (passant de 60 % à 44 %). Dans les centres commerciaux de ces deux derniers quartiers, la possibilité de se faire servir en français est passée de 97 % en 1988 à 91 % en 2010.

Enfin, une quatrième étude a porté sur la langue de commerce et de service dans la rue Sainte-Catherine de 2010 à 2012 : on y apprend que, sur une période de deux ans, l’accueil en français seulement y est passé de 89 % à 73 % mais ce « détail » est omis du résumé que l’Office a publié de l’étude. Parallèlement, l’accueil bilingue y est passé de 1 % en 2010 à 14 % en 2012.

L’Office avait aussi annoncé qu’il prévoyait aussi de traiter de la langue de l’administration publique et du secteur de l’enseignement, de la langue des activités culturelles ainsi que de la maîtrise du français au sein de différentes populations. Il n’y a eu aucune publication sur tous ces thèmes.

Nous ne disposons pas d’un portrait d’ensemble de la situation linguistique six ans après la publication du dernier bilan. Pourtant, la loi dit bien que l’Office doit produire un bilan à son ministre de tutelle « au moins tous les cinq ans » (article 160).

Il est de plus en plus question que des élections soient déclenchées prochainement. Souhaite-t-on que la question linguistique soit absente de la campagne électorale ?





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