dimanche 15 juin 2014

L’anglophobie


Dans un billet récent, j’ai traité de l’anglomanie. Mais anglomanie ne va pas sans anglophobie. C’est en effet le propre des idéologies diglossiques que d’avoir un fonctionnement binaire. (Rappelons que le mot diglossie sert à désigner le rapport inégalitaire qui s'établit entre deux langues au sein d'une société donnée ; une idéologie diglossique a pour objectif de justifier le maintien de cette inégalité.)

Au point de vue lexical, l’anglophobie se traduit au Québec par le rejet quasi systématique des anglicismes lexicaux et par le recours au calque plutôt qu’aux ressources internes du français.

Cachez cet anglicisme que je ne saurais voir. Masquons-le en le traduisant mot à mot.
  
Le calque participe des idéologies diglossiques : il sert à cacher une vérité désagréable, il est un refus simpliste de la réalité. Simpliste, car on ne prend pas le temps de trouver des termes équivalents dans les ressources internes du français.

L’omniprésence des calques au Québec ne peut s’expliquer que par l’analyse des idéologies diglossiques. Elle illustre la collaboration que les dominés apportent à leur propre exclusion. Bourdieu parlait du « renversement fictif des valeurs dominantes », « confirmant ainsi les dominés dans leur subordination et les dominants dans leur domination » (Réponses, p. 60).


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