Dans
un billet récent, j’ai traité de l’anglomanie. Mais anglomanie ne va pas sans
anglophobie. C’est en effet le propre des idéologies diglossiques que d’avoir
un fonctionnement binaire. (Rappelons que le mot diglossie sert à désigner le rapport inégalitaire qui s'établit entre deux langues au sein d'une société donnée ; une idéologie diglossique a pour objectif de justifier le maintien de cette inégalité.)
Au
point de vue lexical, l’anglophobie se traduit au Québec par le rejet quasi
systématique des anglicismes lexicaux et par le recours au calque plutôt qu’aux
ressources internes du français.
Cachez cet anglicisme que je ne
saurais voir. Masquons-le en le traduisant mot à mot.
Le
calque participe des idéologies diglossiques : il sert à cacher une vérité
désagréable, il est un refus simpliste de la réalité. Simpliste, car on ne
prend pas le temps de trouver des termes équivalents dans les ressources internes
du français.
L’omniprésence
des calques au Québec ne peut s’expliquer que par l’analyse des idéologies
diglossiques. Elle illustre la collaboration que les dominés apportent à leur
propre exclusion. Bourdieu parlait du « renversement fictif des valeurs
dominantes », « confirmant ainsi les dominés dans leur subordination
et les dominants dans leur domination » (Réponses, p. 60).
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