mardi 12 février 2013

Mélanges


Pour commémorer le deuxième anniversaire
du manifeste Au-delà des mots, les termes


En parcourant les circulaires (sens non enregistré par le dictionnaire Franqus) de la semaine, je lis « mélange à sauce pour viande » là où le français standard aurait dit « préparation pour sauce ». Je vérifie dans le Franqus : il a bien enregistré ce sens québécois du mot mélange (venant de l’anglais mix), il le classe dans la catégorie des anglicismes critiqués mais il le limite malencontreusement à l’expression mélange à gâteau (cake mix) alors que son emploi est plus général.


Que dit le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française ? Il n’y a pas moins de 25 fiches ayant pour entrée le mot mélange, dont 16 rédigées par les terminologues de l’Office. On ne s’étonnera plus de trouver le calque mélange pour crème glacée (ice cream mix) dans une fiche de 2010 avec une remarque puriste qui ne manque pas de sel dans le contexte : « Le terme mix, utilisé surtout en français d'Europe, est un emprunt intégral à l'anglais (de ice-cream mix). Cet emprunt est à déconseiller pour favoriser l'implantation des termes français qui sont déjà généralisés dans l'usage. » On déconseille un terme anglais et on propose à sa place un calque. C’est exactement la situation qu’ont dénoncée il y a deux ans 19 anciens terminologues de l’Office dans leur manifeste Au-delà des mots, les termes.


Si on interroge le GDT à partir du terme anglais cake mix, on a comme réponse deux fiches donnant préparation pour gâteau, avec comme « terme déconseillé » mélange à gâteau (proposition contredite par la fiche de 2010 qui entérine le terme mélange comme équivalent de mix dans un contexte semblable !). Les deux fiches préconisant le terme préparation ont été rédigées en 1983 et 1984 – donc bien avant la réorientation du GDT. D’autres fiches, non produites par l’Office mais rédigées en 1980 et intégrées au GDT, utilisent aussi préparation au lieu de mélange (par exemple, chocolate cake mix : préparation à gâteau au chocolat) (encore d'autres contradictions illustrant la dérive apparue il y a une dizaine d'années !).


On ne peut mieux illustrer la dérive dénoncée par les anciens terminologues de l’Office.



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