Le
mot « STOP » sur un panneau d’arrêt, au Canada comme au Québec, est
de l’anglais et contrevient à la Loi sur les langues officielles lorsqu’il est
affiché sur les lieux des organismes fédéraux, comme les aéroports et les parcs
nationaux. C’est ce que reconnaît un récent rapport du Commissariat aux langues
officielles, qui s’oppose ainsi à la position de l’Office québécois
de la langue française (OQLF).
Selon
la Loi sur les langues officielles, « tous les panneaux et enseignes
signalant les bureaux d’une institution fédérale doivent être dans les deux
langues officielles, en conformité avec le principe d’égalité réelle »,
explique le Commissariat aux langues officielles dans une réponse écrite.
Le Devoir,
7 mars 2025
Je croyais que la polémique
sur l’utilisation du mot « stop » sur un panneau de signalisation
était terminée. Car, comme le rappelle Le Devoir, « le mot ‘ stop ‘
est accepté par les dictionnaires et par l’OQLF ».
L’ancienne Régie de la
langue française avait adopté en avril 1976 une résolution normalisant le mot «stop» pour signifier «arrêt» (Le Devoir, 18 juillet 1978). La
question s’est à nouveau posée lorsque, à la suite de l’adoption de la Charte
de la langue française, un nouvel Office de la langue française (OLF) a
remplacé l’éphémère Régie. Le docteur Jacques Boulay, qui en 1978 était membre
du « collège » de l’OLF, avait déclaré que « le mot "stop”
représente pour les Québécois, et ce depuis nombre d’années, le symbole de
l’unilinguisme anglophone » (Le Devoir, 18 juillet 1978). Il
introduisait ainsi dans le débat une dimension sociopolitique.
J’ai voulu vérifier la
position du Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la
langue française (OQLF). Résultat de ma consultation : 1067 fiches !
Je me suis contenté de la fiche « panneau ARRÊT » qui est apparue
dans la première page des résultats. On y trouve la note : « Depuis
1992 au Québec, l'arrêt obligatoire peut être signalé soit par la mention
ARRÊT, soit par la mention STOP, mais il n'est plus permis d'afficher les deux
inscriptions (ARRÊT STOP) sur un même panneau. » On ne nous dit pas si l’un
ou l’autre de ces mots est conforme à la norme sociolinguistique du français en
usage au Québec, formule dont le GDT a l’habitude. Pourtant le choix entre ces
deux mots a fait polémique pendant des années. Si l’on faisait un sondage il
est bien possible que plusieurs Québécois répondraient que le terme correct est
ARRÊT mais qu’ils ont l’habitude de dire STOP. En fait, si je me fie à mon
expérience, les Québécois disent plutôt « un ARRÊT STOP ». Le GDT n’a
pas à entériner cet usage populaire mais il est quand même étonnant qu’il ne le
mentionne pas. Il en va de même du dictionnaire en ligne Usito qui prétend
pourtant décrire l’usage du français au Québec. Le Trésor de la langue
française au Québec n’en offre que peu d’attestations, comme cette citation d’Yves
Beauchemin : « Rue Sherbrooke Ouest, le vieux monsieur Scothfort, son
panama rejeté en arrière, contemple, navré, un panneau de circulation. L'ARRÊT
/ STOP installé depuis toujours au coin de la rue vient de se métamorphoser lui
aussi en simple ARRÊT ».
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