Récemment, au cours d’une
recherche, je suis tombé sur une expression que je ne connaissais pas : les
coins du poêle, tenir les coins du poêle.
Usito définit ainsi
poêle :
Comme à son habitude, Usito
présente une version tronquée de la définition du Trésor de la langue française
informatisé (TLFi) :
RELIG.
CATH.
A. −
Drap funéraire de couleur noire pour un adulte, blanche pour un enfant, qui
recouvre un cercueil lors d'une cérémonie mortuaire, et dont les cordons sont
tenus par des assistants durant le cortège. Le cercueil était porté par des
marins, et entouré par les autorités de Saint-Malo, qui tenaient les cordons du
poêle funèbre (J.-J. Ampère, Corresp., 1848, p.166).
Comparaison :
TLFi :
Drap funéraire de couleur noire pour un
adulte, blanche pour un enfant, qui recouvre un
cercueil lors d'une cérémonie mortuaire,
et dont les cordons sont tenus par des assistants durant le cortège.
Usito :
Drap mortuaire, noir pour un adulte, blanc pour un enfant, recouvrant un
cercueil lors de funérailles.
Le TLFi a été publié entre
1971 et 1994. Usito est un ouvrage en ligne (depuis 2009), pouvant en principe
être mis à jour régulièrement. Il est donc curieux de constater qu’Usito ne
signale pas que l’acception de poêle « drap funéraire » est
vieillie, la coutume de tenir les coins d’un drap funéraire ayant même disparu —
avec le drap lui-même. Pourtant les promoteurs d’Usito n’ont cessé de vanter
leur système de marquage des mots qui, dans le cas présent, est déficient.
| Source : Fédération québécoise des sociétés de généalogie |
Le dictionnaire de l’Académie,
dont on a l’habitude de se gausser, offre une définition qui tient davantage
compte des coutumes contemporaines :
Drap
mortuaire noir ou violet dont on couvre le cercueil lors des cérémonies
funèbres. Expr. Tenir les cordons du poêle, naguère, tenir les cordonnets
reliés à ce drap et, aujourd’hui, marcher à côté du
cercueil ou immédiatement derrière.
Je n’ai trouvé qu’une
attestation récente de coins du poêle dans la presse québécoise,
encore s’agit-il d’une citation d’un texte de 1918 : « porteurs des
coins du poêle » (Aux quatre coins, Journal communautaire d’Ascot Corner,
avril 2014, volume XXIX/3).
Dans le Bulletin du
parler français au Canada (avril 1903, dans la section « Sarclures »),
j’ai trouvé cette citation : « Les coins du poèle étaient six
pompiers. » Avec cette critique : « On écrit poêle. Et puis, des
pompiers qui sont des coins de Poêle !... Lisez : “ Les coins
(ou les cordons) du poêle étaient portés (ou tenus) par six pompiers” ». Oublions
le fait qu’il y avait six coins… La graphie critiquée, poèle, est
pourtant celle que l’on trouve dans Littré (« poèle : Drap dont on
couvre le cercueil pendant les cérémonies funèbres, et dont quelquefois, par
honneur, les coins sont tenus, pendant la marche du convoi, par certaines
personnes »).
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