Aujourd’hui, j’entends sur France Musique
le journaliste Pierre Assouline exprimer une réflexion que je m’étais aussi
faite ces jours derniers : le mot islamophobie ne devrait pas désigner la
haine de l’islam mais la peur de l’islam. Ce qui serait conforme à son
étymologie.
Citons Assouline : « … le terme
islamophobe est employé, galvaudé, à mauvais escient, très souvent. Islamophobie,
c’est la peur, c’est pas la haine, c’est la peur de l’islam ou d’un certain
islam ou de sa déviation. » Il ajoute que le personnage principal du
dernier roman de Houellebecq (Soumission)
est quelqu’un qui a peur de l’islam. (Pour écouter l’émission, cliquer ici pour
être redirigé vers la page « Une rentrée littéraire bousculée par une
actualité tragique »).
Le Larousse en ligne définit le mot islamophobie
ainsi : « hostilité envers l’islam, les musulmans ». Le Grand
Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française a deux
fiches « islamophobie » (datées de 2005) : dans l’une, le mot est
défini comme une « phobie qui se manifeste par une crainte irraisonnée et
persistante à l'endroit de l'islam »; dans l’autre, comme du « racisme
qui se manifeste par une haine, des préjugés et une discrimination délibérés à
l'endroit de l'islam, des membres de la communauté musulmane, pratiquants ou
non, ou des objets et lieux du culte islamique. » L’utilisation du mot
racisme dans cette définition, qui va beaucoup plus loin que celle du Larousse,
me semble discutable.
Discutable d’autant plus que j’ai
découvert, en faisant quelques recherches sur Internet, qu’il y avait une
polémique sur la décision du dictionnaire américain Webster de ne pas inclure islamophobia ou islamophobic
dans sa nomenclature (islamophobia
figure toutefois dans la liste des mots suggérés par des usagers). Je suis en effet tombé sur le site Jihad Watch où j’ai
lu : « Claire Berlinski writes about how the concept of “Islamophobia” was cooked up
by a Muslim Brotherhood front group, the International Institute of Islamic
Thought, in order to intimidate the ignorant and politically correct kuffar and
make them too frightened to explore the ways in which Islamic jihadists and
supremacists use the texts and teachings of Islam to justify violence and
subjugation of unbelievers ». Sur le site de cette Claire Berlinski, on
lit : « In an effort to silence critics of political Islam, advocates
needed to come up with terminology that would enable them to portray themselves
as victims. »
En 2013, l’International Civil Liberties
Alliance a publié un article intitulé « The Problematic Definition of ‘Islamophobia’ ».
L’Alliance fait les recommandations suivantes à l’ODIRH (Office for Democratic
Institutions and Human Rights), qui dépend de l’Organisation pour la sécurité
et la coopération en Europe (OSCE) :
1. To ODIHR: Based on the above, ODIHR must abandon any
discussion of the term immediately. The term must be removed from any existing
official publications, and may not be included in any future publications.
2. To the Participating States: Refrain in all circumstances
from using the term “Islamophobia” in any public discussions, papers,
publications, brochures, and other printed material.
Je me contenterai de conclure platement qu’il
est difficile dans ces circonstances de définir le mot islamophobie puisque sa
seule inclusion dans la nomenclature d’un dictionnaire suscite déjà la controverse.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire