mardi 20 janvier 2015

Une définition engagée


Aujourd’hui, j’entends sur France Musique le journaliste Pierre Assouline exprimer une réflexion que je m’étais aussi faite ces jours derniers : le mot islamophobie ne devrait pas désigner la haine de l’islam mais la peur de l’islam. Ce qui serait conforme à son étymologie.


Citons Assouline : « … le terme islamophobe est employé, galvaudé, à mauvais escient, très souvent. Islamophobie, c’est la peur, c’est pas la haine, c’est la peur de l’islam ou d’un certain islam ou de sa déviation. » Il ajoute que le personnage principal du dernier roman de Houellebecq (Soumission) est quelqu’un qui a peur de l’islam. (Pour écouter l’émission, cliquer ici pour être redirigé vers la page « Une rentrée littéraire bousculée par une actualité tragique »).


Le Larousse en ligne définit le mot islamophobie ainsi : « hostilité envers l’islam, les musulmans ». Le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française a deux fiches « islamophobie » (datées de 2005) : dans l’une, le mot est défini comme une « phobie qui se manifeste par une crainte irraisonnée et persistante à l'endroit de l'islam »; dans l’autre, comme du « racisme qui se manifeste par une haine, des préjugés et une discrimination délibérés à l'endroit de l'islam, des membres de la communauté musulmane, pratiquants ou non, ou des objets et lieux du culte islamique. » L’utilisation du mot racisme dans cette définition, qui va beaucoup plus loin que celle du Larousse, me semble discutable.


Discutable d’autant plus que j’ai découvert, en faisant quelques recherches sur Internet, qu’il y avait une polémique sur la décision du dictionnaire américain Webster de ne pas inclure islamophobia ou islamophobic dans sa nomenclature (islamophobia figure toutefois dans la liste des mots suggérés par des usagers). Je suis en effet tombé sur le site Jihad Watch où j’ai lu : « Claire Berlinski writes about how the concept of “Islamophobia” was cooked up by a Muslim Brotherhood front group, the International Institute of Islamic Thought, in order to intimidate the ignorant and politically correct kuffar and make them too frightened to explore the ways in which Islamic jihadists and supremacists use the texts and teachings of Islam to justify violence and subjugation of unbelievers ». Sur le site de cette Claire Berlinski, on lit : « In an effort to silence critics of political Islam, advocates needed to come up with terminology that would enable them to portray themselves as victims. »


En 2013, l’International Civil Liberties Alliance a publié un article intitulé « The Problematic Definition of ‘Islamophobia’ ». L’Alliance fait les recommandations suivantes à l’ODIRH (Office for Democratic Institutions and Human Rights), qui dépend de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) :

1. To ODIHR: Based on the above, ODIHR must abandon any discussion of the term immediately. The term must be removed from any existing official publications, and may not be included in any future publications.
2. To the Participating States: Refrain in all circumstances from using the term “Islamophobia” in any public discussions, papers, publications, brochures, and other printed material.


Je me contenterai de conclure platement qu’il est difficile dans ces circonstances de définir le mot islamophobie puisque sa seule inclusion dans la nomenclature d’un dictionnaire suscite déjà la controverse.


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