lundi 10 février 2020

Le féminin ostentatoire


La petite polémique lancée début janvier dans Le Devoir sur la forme féminine autrice n’est pas tout à fait morte. Un article d’opinion publié ce matin dans le même quotidien apporte une note de gros bon sens dans ce débat en posant une question toute simple : le féminin mérite-t-il d’être entendu ? L’auteur se prononce sans ambages pour la « féminisation ostentatoire ».


Extrait de l’article du Devoir :

Le mot « autrice » est au banc des accusés. […]

[…] au-delà des considérations linguistiques, « autrice » mobilise des considérations sociales et politiques. En disant « autrice », on estime que les femmes méritent d’être nommées et reconnues dans nos communications. À l’inverse, en employant « auteure », on n’entend pas les femmes à l’oral : dites « auteure » et vous entendrez « auteur » parce que le masculin est la représentation mentale par défaut (à moins d’exagérer à outrance le ‑e). On peut donc participer à toute une conversation sur « l’auteure » sans réaliser que l’on parle de l’œuvre d’une femme. « Autrice » ne crée pas de telles complications : le mot rend les femmes audibles.
Ce désir de célébrer les accomplissements des femmes en les nommant dépasse le mot « autrice ». Il fonde ce que Suzanne Zaccour et moi avons appelé dans notre Grammaire non sexiste de la langue française (M. éditeur, 2017) la « féminisation ostentatoire », soit la recherche d’un féminin marqué à l’oral. L’approche est toute simple : ne pas réduire les femmes à un tragique ‑e muet.
— Michaël Lessard, « Le féminin mérite-t-il d’être entendu ? », Le Devoir, 10 février 2020.



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