dimanche 1 septembre 2024

Des chiffres et des lettres : les résultats de 5e secondaire


Je salue la publication, dans Le Devoir du 31 août, des résultats aux examens de français de 5e secondaire de 2014 à 2024 (« Des résultats à la baisse aux examens ministériels de français »). Auparavant, ces données n’étaient pas faciles d’accès et je ne serais pas surpris que leur publication résulte d’une décision du ministre lui-même.

Le journaliste résume ainsi les données du tableau suivant : « le taux de réussite à l’épreuve ministérielle d’écriture de 5e secondaire se chiffre à 70,7 % dans l’ensemble de la province, une diminution de quatre points de pourcentage [< percentage point, point, tout court, en français] par rapport à 2023 (74,8 %). »

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La nouvelle transparence du Ministère a toutefois des limites : on ne remonte pas plus haut que 2014. On peut améliorer le tableau en se servant des données publiées dans le Rapport sur l’évolution de la situation linguistique au Québec publié par l’Office québécois de la langue française en 2008. J’en extrais ce graphique présentant les résultats à ce même examen de 1990 à 2004 (il faut regarder la courbe du centre) :


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En 2000, le taux de réussite était de 90 % (sans doute le plus haut de l’histoire, mais je n’ai pas les données de toutes les années). En 2024, il est tombé à 71 % (j’arrondis). Il faut ajouter qu’en 2001, on a assoupli les normes de correction en syntaxe et en ponctuation. Et la pondération entre le fond (qualité de la communication) et la forme (conformité au code linguistique) a varié au fil des ans. Je ne sais pas s’il n’y a pas eu d’autres assouplissements depuis 2001.

Ce que le journaliste ne dit pas, c’est que la note à l’examen de française de la 5e secondaire est établie selon un schéma où le poids de l’élément vraiment discriminant (l’orthographe) est contrebalancé par celui de tous les autres critères et sous-critères comme l’illustre la figure suivante :

 



Comme je ne sais pas s’il y a eu depuis 2008 des modifications dans la façon de corriger les copies de l’examen, je décrirai le mode de correction en reprenant les critères de la grille de 2001 (cf. rapport de l’OQLF, pp. 159-164). Il me semble raisonnable de supposer que, s’il y a eu des changements, ils ont dû consister dans des assouplissements.

La notation comporte deux volets, le fond et la forme. La pondération entre le fond (qualité de la communication) et la forme (conformité au code linguistique) a varié au fil des ans. Ne sachant pas ce qu’il en est aujourd’hui, je décrirai la pondération des critères de la grille de 2001 où fond et forme comptaient chacun pour 50 %.

Le pourcentage de réussite à l’ensemble des critères concernant le fond (qualité de la communication) était à un niveau très élevé de 1990 à 2004. À partir de 1995, il dépassait les 95 %. Il atteignait 98,3 % en 2004. On ne peut donc pas dire qu’il s’agit d’un critère vraiment discriminant.

Venons-en maintenant à la forme (le respect du code linguistique). Le critère le plus discriminant, l’orthographe, compte pour 20 % de la note totale. La syntaxe (incluant la ponctuation) est aussi un critère discriminant mais moins que l’orthographe ; elle compte pour 25 % dans la note finale. Le troisième critère de qualité de la langue, le vocabulaire, n’a pas de valeur discriminatoire : le taux de réussite était de 97,4 % en 1998 et de 95,9 % en 2004.

Voici les résultats globaux de 2004 dans une figure qui permet de voir le jeu des contre-poids:



Il faut relativiser les données pessimistes publiées par le Devoir : un échec à l’examen du Ministère ne signifie pas automatiquement un échec en français. Car la note globale à l’épreuve de 5e secondaire ne compte (ne comptait ?) que pour 25 % de la note finale en français. Les 75 % restants se composent du résultat en écriture donné par l’école (25 %), ainsi que des notes en lecture (40 %) et en communication orale (10 %) attribuées, elles aussi, par l’établissement. En résumé :

50 % = note en écriture (à parts égales, note de l’école « modérée » (processus statistique) + résultat à l’épreuve unique du Ministère);

40 % = note de l’école en lecture;

10 % = note de l’école en communication orale.

En conclusion, pour échouer en français, il faut vraiment se lever de bonne heure.

 






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