Je salue la publication,
dans Le Devoir du 31 août, des résultats aux examens de français de 5e secondaire
de 2014 à 2024 (« Des résultats à la baisse aux examens ministériels de français »).
Auparavant, ces données n’étaient pas faciles d’accès et je ne serais pas
surpris que leur publication résulte d’une décision du ministre lui-même.
Le journaliste résume ainsi
les données du tableau suivant : « le taux de réussite à l’épreuve
ministérielle d’écriture de 5e secondaire se chiffre à
70,7 % dans l’ensemble de la province, une diminution de quatre points de
pourcentage [< percentage point, point, tout court, en français] par rapport à 2023 (74,8 %). »
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La nouvelle transparence du Ministère a toutefois des limites : on ne remonte pas plus haut que 2014.
On peut améliorer le tableau en se servant des données publiées dans le Rapport
sur l’évolution de la situation linguistique au Québec publié par l’Office
québécois de la langue française en 2008. J’en extrais ce graphique présentant
les résultats à ce même examen de 1990 à 2004 (il faut regarder la courbe du
centre) :
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En 2000, le taux de réussite
était de 90 % (sans doute le plus haut de l’histoire, mais je n’ai pas les
données de toutes les années). En 2024, il est tombé à 71 % (j’arrondis). Il
faut ajouter qu’en 2001, on a assoupli les normes de correction en syntaxe et en
ponctuation. Et la pondération entre le fond (qualité de la communication) et
la forme (conformité au code linguistique) a varié au fil des ans. Je ne sais
pas s’il n’y a pas eu d’autres assouplissements depuis 2001.
Ce que le journaliste ne dit
pas, c’est que la note à l’examen de française de la 5e secondaire
est établie selon un schéma où le poids de l’élément vraiment discriminant
(l’orthographe) est contrebalancé par celui de tous les autres critères et
sous-critères comme l’illustre la figure suivante :
Comme je ne sais pas s’il y
a eu depuis 2008 des modifications dans la façon de corriger les copies de l’examen,
je décrirai le mode de correction en reprenant les critères de la grille de
2001 (cf. rapport de l’OQLF, pp. 159-164). Il me semble raisonnable de
supposer que, s’il y a eu des changements, ils ont dû consister dans des
assouplissements.
La notation comporte deux
volets, le fond et la forme. La pondération entre le fond (qualité de la
communication) et la forme (conformité au code linguistique) a varié au fil des
ans. Ne sachant pas ce qu’il en est aujourd’hui, je décrirai la pondération des
critères de la grille de 2001 où fond et forme comptaient chacun pour 50 %.
Le pourcentage de réussite à
l’ensemble des critères concernant le fond (qualité de la communication) était
à un niveau très élevé de 1990 à 2004. À partir de 1995, il dépassait les 95 %.
Il atteignait 98,3 % en 2004. On ne peut donc pas dire qu’il s’agit d’un
critère vraiment discriminant.
Venons-en maintenant à la
forme (le respect du code linguistique). Le critère le plus discriminant, l’orthographe,
compte pour 20 % de la note totale. La syntaxe (incluant la ponctuation) est
aussi un critère discriminant mais moins que l’orthographe ; elle compte pour
25 % dans la note finale. Le troisième critère de qualité de la langue, le
vocabulaire, n’a pas de valeur discriminatoire : le
taux de réussite était de 97,4 % en 1998 et de 95,9 % en 2004.
Voici les résultats globaux de 2004 dans une figure qui permet de voir le jeu des contre-poids:
Il faut relativiser les
données pessimistes publiées par le Devoir : un échec à l’examen du
Ministère ne signifie pas automatiquement un échec en français. Car la note
globale à l’épreuve de 5e secondaire ne compte (ne
comptait ?) que pour 25 % de la note finale en français. Les 75 %
restants se composent du résultat en écriture donné par l’école (25 %),
ainsi que des notes en lecture (40 %) et en communication orale (10 %)
attribuées, elles aussi, par l’établissement. En résumé :
50 %
= note en écriture (à parts égales, note de l’école « modérée »
(processus statistique) + résultat à l’épreuve unique du Ministère);
40 %
= note de l’école en lecture;
10 %
= note de l’école en communication orale.
En conclusion, pour échouer
en français, il faut vraiment se lever de bonne heure.
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