Une
jeune femme acadienne m’a confié être désemparée quant à la langue à
transmettre à ses enfants. Elle se sentait tiraillée entre la volonté de leur
léguer la langue de ses ancêtres, avec la fierté d’avoir su la conserver malgré
l’adversité, et l’envie de plutôt leur parler dans un français plus normé, afin
de leur éviter de se faire juger.
Le
Devoir, 12 juillet 2025
Voilà ce qu’on a pu lire
samedi dernier dans une « bien-aimée rubrique Point de langue »,
« à mi-chemin entre l’essai et la vulgarisation scientifique. »
C’est vite oublier que les
langues changent sans arrêt, sinon elles disparaissent. On ne peut s’attendre à
ce que ses enfants et petits-enfants continuent de parler comme leurs ancêtres.
Le sociologue américain Joshua Fisman illustre ainsi l’évolution d’une langue : « Pensons
au marteau qui appartient à la famille depuis quatre générations : est-il
vieux ou neuf ? On en a remplacé la tête trois fois et le manche cinq
fois, mais on en parle toujours comme du marteau de l'arrière-grand-père. »
À ce sujet, voir mon billet « Le marteau de Fishman » et les exemples
que j’y donne.
La chroniqueuse ne peut s’empêcher
de faire référence à « la variété de français longtemps vue comme la plus
prestigieuse, celle de Paris ». Dans le marché linguistique de l’est du
Canada, puis-je lui faire remarquer que la variété de langue qui influence
probablement le plus le français parlé en Acadie est celle des médias de Montréal ?
Lors de mon dernier séjour à Moncton (j’admets que cela remonte à un certain
temps), j’avais été frappé par le fait qu’on entendait peu l’accent acadien à
la radio mais surtout l’accent québécois.
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