L’Aut’ Journal vient de publier un texte contre la lettre ouverte des anciens terminologues de l’Office québécois de la langue française (parue dans Le Devoir du 12 février). L’auteur en est Michel Usereau « professeur dégagé d'enseignement à la Direction des politiques des programmes et de la promotion de la francisation du ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles (MICC) » selon le site du Conseil supérieur de la langue française. Le site Euskonewa & Media précise qu’« il enseigne le français et le québécois (dialecte du français) dans les cours de français pour immigrants organisés par le gouvernement du Québec ».
À lire une telle défense de la nouvelle orientation du Grand Dictionnaire terminologique, doit-on conclure que l’Office de la langue française serait devenu l’Office du joual sans que nous l’eussions su ?
Le 12 février 2011, loin de la Soule, Le Devoir publiait une lettre de neuf anciens terminologues de l’OQLF qui s’inquiètent que l’organisme intègre maintenant, par exemple, cabaret comme quasi-synonyme de plateau de service. Pourtant, cabaret, c’est un mot qui appartient clairement à toué registres du français québécois: qui qui serait choqué d’entendre un invité au Point parler de «cabarets dans les cafétérias»?
Quessé qui dérange à ce point-là le groupe des neuf? C’est-tu une idée si détestable d’accepter qu’un mot québécois, perçu par les Québécois comme parfaitement correct, i puisse recevoir une forme de reconnaissance par nos propres institutions? Qu’on puisse voir Déposer les cabarets ici écrit sur une pancarte, comme on voit Gaztelü zaharra sur des pancartes en Soule? Faut-tu à tout prix que le français du Québec devienne une copie conforme de celui de la France pour les satisfaire?
Je repense à la Soule, pi je transpose au Québec… Imaginez des cahiers d’activités pour apprendre le français québécois dans tous ses registres; une grammaire pour se familiariser avec la particule interrogative –tu (comme dans On y va-tu?); ou encore une école qui offrirait des stages d’immersion en français québécois, enseignant chu, qui, linguistiquement, est à je suis ce que niz est à naiz.
On peut remarquer au passage que, de la même façon, on enseigne – heureusement! – I’m en anglais langue seconde, à côté de I am.
Évidemment, on pourrait dire que chu relève de la langue familière. Mais le souletin y’avait-tu un statut formel à l’écrit avant d’apparaitre sé’ pancartes de la Soule, après des décennies de répression française ousque le basque était confiné à’ maison pi ousque les enfants étaient punis si i le parlaient à l’école?
Pour ce qui est de I’m, vous direz peut-être que c’est pas aussi mal vu en anglais que chu en français. Mais justement: les anglophones i se font pas un devoir sacré de freiner l’évolution de leur langue en cloisonnant à tout prix les registres!
Source : L’Aut’ Journal, 16 mars 2011
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