mardi 4 juin 2019

Brève histoire de l’OQLF/ 1




En 2017, les trois grandes centrales syndicales du Québec – CSN, FTQ, CSQ – ont commandé un rapport sur l’histoire de l’Office (québécois) de la langue française. Ce rapport, Brève histoire de l'OLF/OQLF : mobilisation, incitation, contrainte, accompagnement, a été rendu public le 23 mai 2018. Il n’a eu aucun écho dans les médias. En voici le résumé tel que je l’ai trouvé sur Internet :

Le présent document retrace l’histoire de l’Office québécois de la langue française (OQLF), dont la fondation remonte à la création de l’Office de la langue française (OLF 1961), à travers ses modifications successives, notamment au moment de la promulgation de la Charte de la langue française (Loi 101, Charte de la langue française, 1977) et la restructuration de l’OLF en OQLF à la suite du Rapport Larose (Loi 104, 2002). L’OQLF est l’institution centrale qui conduit la politique linguistique du gouvernement québécois. Nous avons identifié trois périodes qui caractérisent depuis le début des années 1960 l’évolution de l’OQLF : 1) La première période (1961-1977) s’inscrit dans la grande mobilisation des années 1960 en faveur du Québec français et correspond à l’affirmation des grands objectifs de francisation, soit la recherche d’une « politique globale de francisation ». La stratégie de l’OLF à cette période est celle de la francisation du Québec par incitation. 2) La seconde période qui s’ouvre avec l’élection du Parti québécois et la promulgation de la Charte de la langue française (1977-2001) correspond à l’application d’une politique plus affirmative et structurée sur la place de la langue française au Québec. La stratégie de l’OLF à cette période en sera une* de contraintes (juridiques et institutionnelles). La période se divise en deux moments, un premier (1977 à 1990) marqué par une politique largement consensuelle d’affirmation, un deuxième (1990 à 2001) par une volonté de consolidation des acquis de la loi 101. 3) La troisième période (2001 à aujourd’hui) s’ouvre sur** les États généraux sur la situation et l'avenir de la langue française au Québec et correspond à la réflexion sur la reformulation des objectifs particuliers de l’Office, soit la réorganisation de l’Office de la langue française (OLF) en Office québécois de la langue française (OQLF). Cette période voit se déployer une stratégie d’accompagnement marquant à la fois le constat d’une réussite du projet de francisation du Québec et sa routinisation. Par ailleurs, on peut dire que le succès de la loi 101 convie à trois déplacements majeurs des enjeux de francisation au Québec : a) la question de la francisation des immigrants passe de l’école aux petites entreprises où ils se trouvent en grand nombre; b) le combat contre l’hégémonie de la langue anglaise concerne moins les commerces à dominance anglo-canadienne et plus la mondialisation où dominent les multinationales américaines avec l’anglais comme ligua franca; c) la pression pour ouvrir de nouveaux fronts de francisation s’affaiblit au profit de nouveaux enjeux (environnement, justice sociale, précarité d’emploi, etc.) dont l’urgence justifie peut-être davantage que l’état de la langue française l’usage de moyens de contrainte. Nous avons inscrit cette périodisation sous le signe de la routinisation du mouvement social pour un Québec français. Nous voulions indiquer par cela que la variante principale des transformations de l’OQLF n’est pas principalement attribuable à la conjoncture politique (la volonté ou le parti politique au pouvoir) ou encore aux limites imposées par les tribunaux à la loi 101, mais à l’effet de l’institutionnalisation du mouvement social et de l’essoufflement de son charisme. Dans chacune des périodes le succès du mouvement de francisation s’est appuyé sur une mobilisation populaire, y compris syndicale. Là, repose aussi son avenir.

Antoine Brousseau Desaulniers
Jean-François Laniel
Stéphane Savard
Joseph Yvon Thériault
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* En sera une : anglicisme.
** On attendrait plutôt la formulation : s’ouvre par.


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