En 2017, les trois grandes centrales
syndicales du Québec – CSN, FTQ, CSQ – ont commandé un rapport sur l’histoire
de l’Office (québécois) de la langue française. Ce rapport, Brève histoire de l'OLF/OQLF : mobilisation, incitation, contrainte, accompagnement, a été rendu public le 23 mai 2018. Il n’a eu aucun écho dans les
médias. En voici le résumé tel que je l’ai trouvé sur Internet :
Le présent document retrace
l’histoire de l’Office québécois de la langue française (OQLF), dont la
fondation remonte à la création de l’Office de la langue française (OLF 1961),
à travers ses modifications successives, notamment au moment de la promulgation
de la Charte de la langue française (Loi 101, Charte de la langue française,
1977) et la restructuration de l’OLF en OQLF à la suite du Rapport Larose (Loi
104, 2002). L’OQLF est l’institution centrale qui conduit la politique
linguistique du gouvernement québécois. Nous avons identifié trois périodes qui
caractérisent depuis le début des années 1960 l’évolution de l’OQLF :
1) La première période (1961-1977) s’inscrit dans la grande mobilisation
des années 1960 en faveur du Québec français et correspond à l’affirmation des
grands objectifs de francisation, soit la recherche d’une « politique
globale de francisation ». La stratégie de l’OLF à cette période est celle
de la francisation du Québec par incitation. 2) La seconde période qui
s’ouvre avec l’élection du Parti québécois et la promulgation de la Charte de
la langue française (1977-2001) correspond à l’application d’une politique plus
affirmative et structurée sur la place de la langue française au Québec. La
stratégie de l’OLF à cette période en sera une* de contraintes (juridiques et
institutionnelles). La période se divise en deux moments, un premier (1977 à
1990) marqué par une politique largement consensuelle d’affirmation, un
deuxième (1990 à 2001) par une volonté de consolidation des acquis de la loi
101. 3) La troisième période (2001 à aujourd’hui) s’ouvre sur** les États
généraux sur la situation et l'avenir de la langue française au Québec et
correspond à la réflexion sur la reformulation des objectifs particuliers de
l’Office, soit la réorganisation de l’Office de la langue française (OLF) en
Office québécois de la langue française (OQLF). Cette période voit se déployer
une stratégie d’accompagnement marquant à la fois le constat d’une réussite du
projet de francisation du Québec et sa routinisation. Par ailleurs, on peut
dire que le succès de la loi 101 convie à trois déplacements majeurs des enjeux
de francisation au Québec : a) la question de la francisation des
immigrants passe de l’école aux petites entreprises où ils se trouvent en grand
nombre; b) le combat contre l’hégémonie de la langue anglaise concerne
moins les commerces à dominance anglo-canadienne et plus la mondialisation où
dominent les multinationales américaines avec l’anglais comme ligua franca; c) la
pression pour ouvrir de nouveaux fronts de francisation s’affaiblit au profit
de nouveaux enjeux (environnement, justice sociale, précarité d’emploi, etc.)
dont l’urgence justifie peut-être davantage que l’état de la langue française
l’usage de moyens de contrainte. Nous avons inscrit cette périodisation sous le
signe de la routinisation du mouvement social pour un Québec français. Nous
voulions indiquer par cela que la variante principale des transformations de
l’OQLF n’est pas principalement attribuable à la conjoncture politique (la
volonté ou le parti politique au pouvoir) ou encore aux limites imposées par
les tribunaux à la loi 101, mais à l’effet de l’institutionnalisation du
mouvement social et de l’essoufflement de son charisme. Dans chacune des
périodes le succès du mouvement de francisation s’est appuyé sur une
mobilisation populaire, y compris syndicale. Là, repose aussi son avenir.
Antoine Brousseau Desaulniers
Jean-François Laniel
Stéphane Savard
Joseph Yvon Thériault
________
* En sera une : anglicisme.
** On attendrait plutôt la formulation : s’ouvre
par.
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