Voici le texte de présentation inédit de la table ronde sur l’écologie des langues organisée dans le cadre d’un colloque rendant hommage au professeur William F. Mackey. L’événement a eu lieu à Moncton en 2002.
Depuis que
nous avons lancé le projet de publier un ouvrage sur le thème de l’écologie des
langues pour rendre hommage au professeur Mackey, plusieurs volumes ont paru
qui abordent la même problématique ou des thèmes très proches. Pensons, pour ne
citer que quelques titres, aux ouvrages suivants :
Pour une écologie des langues du monde,
de Louis-Jean Calvet, paru en 1999
Linguistic Diversity de Daniel Nettle, 1999
Vanishing Voices : The Extinction of the World’s Languages de Daniel Nettle et Suzanne
Romaine, 2000
Language Death
de David Crystal, 2000
Halte à la mort des langues de Claude
Hagège, 2000
Langues : une guerre à mort,
Panoramiques no 48 (2000) sous la direction de Guy Gauthier
Linguistic Genocide in Education – or worldwide diversity and human
rights? 2000
(Mahwah, New Jersey: Lawrence Erlbaum) de Tove Skutnabb-Kangas
On Biocultural Diversity. Linking language, knowledge and the
environment
(Washington, D.C.: The Smithsonian Institution Press, 2001) de Luisa Maffi
(ed.)
In Light of Our Differences: How Diversity in Culture and Nature Makes
Us Human (Washington, D.C.: The Smithsonian
Institution Press, à paraître en 2002) de David Harmon.
Quelques
années plus tôt, R.M.W. Dixon avait publié The
Rise and Fall of Languages (1997) et Albert Bastardas Ecologia de les llengües (1996).
La
préoccupation sur le destin des langues, qui rejoint maintenant le grand public
(on commence à publier des ouvrages de vulgarisation sur ce thème), a été portée
à l’attention de la communauté scientifique comme un problème majeur à
l’occasion du Congrès international des linguistes qui s’est tenu à
l’Université Laval en 1992. Depuis lors, l’organisation Terralingua[1],
«association pour la diversité linguistique et biologique», à laquelle
participe notre collègue Tove Skutnabb-Kangas, a
fait beaucoup pour populariser cette problématique.
Dans cette
première table ronde, nous vous invitons à réfléchir sur les fondements mêmes
de l’écologie des langues comme discipline scientifique.
Mon objectif
est de provoquer le choc des idées. Je me ferai donc l’avocat du diable à plus
d’une occasion, et cela dans le but d’aller au fond des choses. J’utiliserai
dans mon exposé des formules qui pourront peut-être paraître provocantes à
certains.
L’écologie des langues entre Éden et Babel : Paradise Lost /Paradise Regained?
Dans
le jardin d’Éden, on ne parlait qu’une seule langue, sur laquelle s’exerçait
d’ailleurs déjà l’activité humaine puisque Adam a dû trouver un nom pour toutes
les bêtes de la création :
Yahvé Dieu modela encore du sol toutes les bêtes sauvages et tous les
oiseaux du ciel, et il les amena à l’homme pour voir comment celui-ci les
appellerait : chacun devait porter le nom que l’homme lui aurait donné.
L’homme donna des noms à tous les bestiaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les
bêtes sauvages […]» (Genèse 2, 19-20;
traduction de l’École biblique de Jérusalem).
(Cela
se passait avant la création de la femme.) Contrairement à une opinion
largement répandue, on voit donc, par ce passage, que c’est la linguistique (ou
plus précisément la lexicologie ou la terminologie) qui est le plus vieux
métier du monde.
La tradition
judéo-chrétienne interprète l’épisode de Babel comme étant une malédiction
divine (à laquelle, toutefois, la Pentecôte a permis d’échapper en partie et
provisoirement). La disparition de plusieurs centaines de langues, prévisible
au cours du xxie
siècle, et la propagation d’une lingua
franca à vocation universelle pourraient être alors vues comme un retour
possible au Paradis perdu — Paradise
Regained.
Notons pour
commencer que l’on ne s’entend pas sur l’ampleur de la diversité linguistique
actuelle. Des estimations, que nous qualifierons de conservatrices, font état
de l’existence de 4 000 langues[2].
La plupart des estimations varient entre 5 000 et 7 000. Mais pour
David Dalby, la diversité linguistique serait plus grande que ce qu’imaginent
les linguistes : il y aurait actuellement 10 000 langues et le taux
de disparition serait moindre que ce que l’on a estimé[3].
Y a-t-il
vraiment des avantages à maintenir la diversité linguistique actuelle?
Rares sont les
linguistes qui ont essayé de montrer que l’assimilation linguistique pouvait
être une bonne chose — après tout, il est difficile de souhaiter la disparition
de son objet d’étude. On peut toutefois citer le cas de Peter Ladefoged, qui se
refuse à condamner les parents qui ne transmettent pas leur langue ancestrale à
leurs enfants :
It is paternalistic of linguists to
assume that they know what is best for the community. One can be a responsible
linguist and yet regard the loss of a particular language, or even of a whole
group of languages, as far from a ‘catastrophic destruction’ (Hale et al.,
1992 : 7)[4].
Dans son
dernier livre, Le marché aux langues, les
effets linguistiques de la mondialisation (Paris, Plon, 2002), Louis-Jean
Calvet exprime une opinion qui va dans le même sens :
Si des
locuteurs ou des communautés linguistiques se plient à la loi du marché, si
certains abandonnent leur langue, ne la transmettent plus, ce n’est pas
nécessairement le couteau sous la gorge mais plutôt parce qu’ils considèrent
que là est leur intérêt ou celui de leurs enfants (p. 212).
Pour la quasi
totalité des linguistes cependant, c’est une vérité de foi que la diminution du
nombre de langues parlées sur la terre est en soi une chose mauvaise. Mais
pourquoi est-ce mauvais?
Si la
diversité est utilisée comme argument dans la défense des langues, jusqu’à quel
point l’utilisation de pareil argument est-elle justifiée dans la défense du
français, la plus germanique des langues romanes, face à l’anglais, la plus
romane des langues germaniques? Du point de vue de la diversité toujours,
comment justifier le combat pour la survie du rhéto-romanche ou de l’occitan?
Après tout, la disparition de l’une de ces langues ne signifierait qu’une
langue romane de moins et on voit mal en quoi la diversité linguistique
profonde de l’humanité en serait affectée. L’argument de la diversité a pour
conséquence extrême la défense prioritaire des langues les plus «exotiques»,
c’est-à-dire des langues qui s’éloignent typologiquement le plus des langues
les plus répandues. Pour pousser l’argument à l’extrême, on devrait dire que la
sauvegarde du dyirbal, langue australienne à l’ergativité si envahissante
qu’elle affecte même sa syntaxe, devrait passer avant la sauvegarde du basque,
langue elle aussi ergative. À ce compte, les langues qu’il faudrait sauver à
tout prix seraient la plupart du temps celles qui comptent le moins de
locuteurs. Pour ce faire, on ne peut tout de même pas envisager de transformer
les locuteurs de ces langues en réserves linguistiques ambulantes, on ne peut
songer à établir l’équivalent humain des réserves fauniques (même si l’histoire
nous en a fourni des exemples : les «réductions» des jésuites au xviiie siècle illustrées dans
le film Mission, les réserves
indiennes et, encore récemment, les bantoustans[5]).
Au sujet des
structures linguistiques qui se démarquent par rapport à celles des langues les
plus répandues, je voudrais rappeler l’opinion, maintes fois émises dans ses
écrits par Antoine Meillet, voulant que, par exemple, la disparition, au cours
de l’évolution des langues indo-européennes, de catégories linguistiques comme
le duel et le triel, jugées par lui archaïques, est une manifestation de
l’intellectualisation[6] de
la langue, donc un progrès pour l’esprit humain. Une telle conception
tient-elle encore? Corollairement, cela amène à poser la question de la
modernisation des langues, ou de la réforme des langues pour reprendre le titre
de la série de volumes publiés par István Fodor et Claude Hagège. La
modernisation, pour bien des langues, est bien plus qu’une simple adaptation
terminologique. Lorsqu’elle se fait spontanément, elle peut devenir une
hybridation. C’est le lieu de mentionner les travaux très intéressants de Lynn
Drapeau sur le montagnais[7]
qui serait en train de vivre le même processus qui a donné le mitchif. Dans un
tel cas, on peut sans doute dire qu’il y a diminution de la diversité
linguistique — en tout cas, diminution de l’originalité de la langue. Mais
c’est peut-être ce qui permettra à la langue de survivre.
Par
ailleurs, j’aimerais rappeler un autre propos de Meillet. Il avait des
réticences devant l’apparition de nouvelles langues standard en Europe, de
nouvelles langues de culture comme on disait à l’époque, parce qu’elles sont
vouées à devenir le calque des langues standard qui existent déjà, en d’autres
termes parce qu’elles n’enrichissent pas la diversité linguistique de
l’humanité, se contentant de se copier les unes les autres. Ainsi, prendre part se traduit littéralement en
anglais to take part, en allemand teilnehmen, en russe принимать участие,
en hongrois részt venni; et le
français contemporain offre de multiples exemples de calques de l’anglais :
ce n’est pas ma tasse de thé, garder un profil bas, etc.
Il n’y a
jamais eu plus de langues écrites différentes qu’au début du xxe siècle; et il n’y a
jamais eu moins d’originalité linguistique. Avec des mots différents et des
formes grammaticales différentes, toutes ces langues sont les calques les unes
des autres. On n’a pas enrichi le trésor intellectuel de l’humanité; on a
multiplié des manières banales de dire les mêmes choses[8].
Les langues
modernes, qui servent pour une même civilisation, se traduisent de plus en plus
exactement les unes les autres : on retrouve partout des tours semblables
et équivalents, et le profit intellectuel qu’un Européen occidental trouve à
étudier la langue de ses voisins diminue au fur et à mesure que cette langue se
borne davantage à exprimer la civilisation actuelle[9].
Alors que nous
sommes en plein processus de mondialisation, la phrase suivante de Meillet
prend tout son sens : «L’unité de civilisation tend à exiger l’unité de
langue» (p. 332). Et c’est, bien évidemment, la langue de la
mondialisation qui cause le plus de dégâts :
The United States and
Canada are not far behind Australia in the language death stakes. Only three
out of Canada's 51 aboriginal languages are considered viable. Even the former
Soviet Union — despite World War II and Stalinism — has a better language
survival record than these three English-speaking leaders of the struggle for
liberal democracy and human rights[10].
Comme
contrepoint à cette citation, je rappelerai que, dans son dernier ouvrage,
Louis-Jean Calvet se demande si la thanatophobie ne cache pas en réalité une
anglophobie[11].
Les
commentaires de Meillet sur les nouvelles langues standard de l’Europe, en
particulier sur le hongrois, lui ont valu une réplique cinglante de la part de
l’un des plus grands écrivains hongrois, Dezső Kosztolányi. Il faudrait citer
au complet la lettre ouverte de Kosztolányi parce que cet auteur est sans doute
le premier à avoir exprimé aussi clairement beaucoup d’arguments que nous
entendons maintenant dans le débat sur la diversité linguistique et la
mondialisation. Je ne retiendrai que cette citation : «[…] la vie ou la
mort [des peuples et des langues] ne dépend pas des linguistes rationalistes,
soucieux du bonheur de l’humanité, mais de forces irrationnelles, plus
miséricordieuses.[12]»
Alors que les
langues disparaissent par dizaines voire par centaines, peu de nouvelles
langues apparaissent, car la genèse d’une langue est un processus lent. Les cas
les plus clairs de nouvelles langues sont les créoles et les pidgins. Mais
qu’apportent-ils vraiment à la diversité linguistique puisqu’ils constituent un
croisement entre des langues qui existent déjà et sont bien décrites dans la
plupart des cas? On cite aussi l’apparition de nouvelles langues «par
élaboration» — «Ausbausprachen» pour reprendre la terminologie de Heinz Kloss.
Meillet, à la fin de la Première Guerre mondiale, affirmait que la langue
slovène était une création artificielle de l’administration autrichienne pour
diviser les populations slaves. L’administration soviétique a voulu faire du
moldave une langue différente du roumain et séparer le tadjik du persan. On a
créé à partir de 1945 la «langue macédonienne»[13].
On a aussi des exemples tout récents : la séparation du tchèque et du
slovaque, du serbe, du croate et du bosniaque. Cette séparation est due avant
tout à l’esprit de clocher dans le cas du tchèque, du slovaque, du serbe et du
croate alors que dans le cas du bosniaque, il faudrait sans doute plutôt parler
de l’esprit de minaret.
Si
la faculté de langage est innée, comme le veut Chomsky, s’il existe une
grammaire universelle et si, en définitive, les langues du monde proviennent
toutes de la même langue-mère, comme le veut la thèse monophylogénétique de
Merritt Ruhlen[14], cela
n’invite-t-il pas à relativiser la notion de diversité linguistique? Mais comme
le dit Gavin McNett[15],
dans le site Internet « salon.com » :
Even if you believe,
as Noam Chomsky does, that the ability to learn and use language is innate,
it's quite a different thing to say that languages themselves can be
‘ecological.’ It's like saying that since sex is innate and natural, so are
strip joints and S/M clubs: The basic impulses behind them might be present in
all of us, but the forms in which they're expressed depend on all sorts of
complex cultural forces.
Dans la
présentation de la diversité linguistique, j’ai, jusqu’à présent, présenté les
arguments d’un point de vue principalement structuraliste (cf. Meillet). Or, on
peut reprocher au structuralisme de procéder à une réification de la langue, en
la considérant comme un objet coupé de la pratique sociale. L’argument de la
diversité linguistique n’est pas clairement énoncé la plupart du temps; on ne
sait pas au juste de quoi il s’agit : c’est pourquoi j’ai d’abord essayé de
l’analyser d’un point de vue surtout linguistique. L’argument de la diversité
linguistique se base, implicitement dans la plupart des cas, sur l’hypothèse de
Sapir-Whorf[16], qui
n’a jamais été démontrée (ce n’est même pas une théorie). Mais on peut se
demander s’il ne vaudrait pas mieux établir l’argumentation en partant de
l’identité des individus et des collectivités, du sentiment d’appartenance et
des représentations sociolinguistiques.
Bref, dans le
débat sur la diversité linguistique, qu’entend-on au juste?
L’écologie des langues entre la biologie et la linguistique
À
part le fait que les langues, la faune et la flore disparaissent à un rythme
accéléré, qu’ont-elles d’autre en commun? Peut-on mettre sur le même pied la
couche d’ozone, les bébés phoques et les langues[17],
le projet de déclaration universelle des droits linguistiques et le Protocole
de Kyoto? Pour Daniel Nettle et Suzanne Romaine, les langues autochtones sont
associées à la diversité biologique — tout comme pour Tove Skutnabb-Kangas dans
sa contribution aux Mélanges Mackey.
La disparition des langues est-elle vraiment un symptôme d’une crise écologique
mondiale? Pour David Harmon,
«endemism and richness in species and languages coincide on a national scale
and this is strongly suggestive of a substantive relationship between the two.[18]» Remarquons que la citation
est claire : il s’agit d’une intuition, non d’une démonstration
scientifique.
Y a-t-il
vraiment un lien entre biodiversité et diversité linguistique? Ne serions-nous
pas victimes de nos métaphores dans les emprunts que nous faisons à la
biologie?
Au
xixe siècle, la
linguistique a emprunté à la biologie :
[…] comparing species and languages
[…] has a venerable history. In biology, it goes back at least to Charles
Darwin, whose enthusiasm is evident both in the Origin of Species and The
Descent of Man, as well as in his praise of Sir Charles Lyell’s chapter
comparing species and languages in the great geologist’s Antiquity of Man[19].
À
l’arbre généalogique des espèces correspond donc l’arbre généalogique des
langues indo-européennes de August Schleicher (Compendium der
vergleichenden Grammatik der indogermanischen Sprachen, 1861-1862).
Ce dernier adopte le principe qu’une langue se comporte comme tout être
vivant et il reprend à August von Schlegel sa typologie tripartite des langues,
le type analytique (comme le chinois), le type synthétique (latin ou grec), le
type agglutinant (inuktitut). La hiérarchisation implicite des langues
qu’implique cette tripartition est encore plus manifeste dans son avatar
guillaumien, où l’on parle de langues primes,
secondes et tierces. On est ainsi
conduit insensiblement à la notion de langues supérieures, quand ce n’est pas
de races supérieures.
Le
recours aux métaphores biologiques a connu de nos jours une recrudescence, en
particulier depuis la publication, en 1981, du livre de Nancy Dorian, Language Death : The Life Cycle of a
Scottish Gaelic Dialect.
Récemment,
Daniel Nettle a introduit le concept de «language pool» comme on parle de «gene
pool». Dixon a, pour sa part, emprunté à la biologie évolutionniste le concept
de «higly-punctuated equilibrium». David Crystal a ajouté, lui aussi, une
métaphore à notre stock lexical : language
suicide. La linguistique et la biologie sont maintenant si intimement liées
pour certains que des auteurs comme Nettle et Romaine utilisent l’expression
«biodiversité linguistique» — linguistic
biodiversity; quant à lui, le groupe Terralingua utilise l’expression biocultural diversity (ce qui inclut la
langue). La variation linguistique se trouve ainsi assimilée à la variation
génétique.
Mais
n’oublions pas la voix discordante de Peter Ladefoged :
Statements such as
just as the extinction of any animal species diminishes our world, so does the
extinction of any language (Hale et al., 1992 : 8) are appeals to our
emotions, not to our reason. […] We may also note that human societies are not
like the animal species. The world is remarkably resilient in the preservation
of diversity; different cultures are always dying while new ones arise.[20]
Dans
le même ordre d’idée, il vaut la peine de rappeler quelques remarques de
Douglas Kibbee dans son article récent «Les géostratégies des langues et la
théorie linguistique»[21] :
dans un système, un changement en entraîne normalement d’autres; la disparition
d’une espèce bouleverse un écosystème, mais la disparition du dalmate
(végliote) au xixe siècle
n’a pas produit de déséquilibre mettant en danger le croate, entraînant la
disparition d’autres langues romanes ou la disparition de la faculté langagière
des personnes habitant la région.
La
question finale que je poserai est : tout comme il y a eu des dérives
lorsque la linguistique s’est trop inspirée de la biologie — dérives qui ne
sont pas tellement le fait des linguistes eux-mêmes mais d’idéologues racistes
qui ont «récupéré» leurs travaux —, y a-t-il des risques de dérapage dans la
mode actuelle voulant que la linguistique emprunte des concepts à l’écologie?
* *
*
Au
cours de la table ronde, chaque collaborateur des Mélanges Mackey disposera de cinq minutes pour réagir aux deux
points ou seulement à l’un des deux points qui viennent d’être présentés.
Lorsque vous aurez l’occasion de lire le volume, vous constaterez que deux
collaborateurs qui n’ont pu être présents au colloque, Tove Skutnabb-Kangas et
John Edwards, ont des points de vue passablement divergents sur la question de
l’écologie linguistique. Aussi leur avons-nous offert la possibilité de réagir
par écrit à partir d’une version préliminaire de la problématique qui vient de
vous être exposée.
[1]
Adresse URL : http://www.terralingua.org Luisa Maffi en est la
présidente, Tove Skutnabb-Kangas la vice-présidente et David Harmon le
trésorier.
[2] Bernard Comrie, The World’s Major Languages, Oxford
University Press, 1990, p. 2, qualifie ce chiffre de conservateur.
[3] British Council, Global English Newsletter 5 (1999), The
English Company (UK) Limited.
[4] Peter Ladefoged, ‘Another view of
endangered languages’, Language 68/4
(1992), p. 810.
[5] On
peut cependant envisager tout à fait raisonnablement une dévolution plus
systématique et plus universelle de certains pouvoirs, notamment en matière
culturelle, à des autorités locales ou régionales.
[6]
Ajoutons à l’argument que les linguistes du Cercle linguistique de Prague, en
particulier Bohuslav Havránek, ont utilisé la notion d’intellectualisation dans
leur théorie des langues standard, mais dans un sens différent, celui de
rationalisation; pour eux, l’intellectualisation touche le lexique et la
syntaxe beaucoup plus que la morphologie.— Pour une présentation générale, voir
Paul L. Garvin, «Le rôle des linguistes de l’École de Prague dans le
développement de la norme linguistique tchèque» dans É. Bédard et
J. Maurais, La norme linguistique,
Québec et Paris, Conseil de la langue française et Éditions Le Robert, 1983,
pp. 141-152.
[7]
Voir, par exemple, «Bilinguisme et érosion lexicale dans une communauté
montagnaise», dans Pierre Martel et Jacques Maurais, Langues et sociétés en contact, Tübingen, Niemeyer, 1994,
pp. 363-376.
[8]
Antoine Meillet, Les langues dans
l’Europe nouvelle, Paris, Payot, 1918, pp. 275-276.
[9] Antoine Meillet, op.cit., p. 302.
[10] John Hajek, «Beware the encroaching
sounds of silence», 12 février 2001, adresse URL:
http://www.theage.com.au/books/2001/02/12/FFXV5Y213JC.html
[11]
Louis-Jean Calvet, Le marché aux langues.
Les effets linguistiques de la mondialisation, Paris, Plon, 2002,
p. 117.
[12]
Dezső Kosztolányi, «A magyar nyelv helye a földgolyón». Traduction
française : «La place de la langue hongroise sur la planète», dans Éva
Tóth, Ma. Aujourd’hui. Anthologie de la
littérature hongroise contemporaine, Budapest, Corvina, 1987, p. 38.
[13]
Paul Garde, Vie et mort de la Yougoslavie,
Paris, Fayard, 1992, p. 89.
[14]
Merritt Ruhlen, L’origine des langues,
Paris, Belin, 1996.
[15]
Compte rendu de Daniel Nettle et Suzanne Romaine, Vanishing Voices : The Extinction of the World’s Languages,
dans : http://www.salon.com/books/review/2000/08/17/nettles_romaine/
[16]
Sur l’hypothèse Sapir-Whorf, voir les réflexions de Douglas A. Kibbee, «Les
géostratégies des langues et la théorie linguistique» dans J. Maurais et
Michael A. Morris, Géostratégies des
langues, Terminogramme 99-100, pp. 72-74.
[17]
Pour reprendre la formule de Louis-Jean Calvet, Le marché aux langues, les effets linguistiques de la mondialisation, Paris,
Plon, 2002, p. 95.
[18] David Harmon, «Sameness and
silence : Language extinctions and the dawning of a biocultural approach
to diversity», Global Biodiversity
(Canadian Museum of Nature) 8/3 (1998), p. 7.
[19] David Harmon, «Sameness and
silence : Language extinctions and the dawning of a biocultural approach
to diversity», Global Biodiversity
(Canadian Museum of Nature) 8/3 (1998), p. 3.
[20] Peter Ladefoged, ‘Another view of
endangered languages’, Language 68/4
(1992), p. 810.
[21]
Dougl Tove Skutnabb-Kangas as A. Kibbee, «Les géostratégies des langues et la
théorie linguistique» dans Jacques Maurais et Michael A. Morris, Géostratégies des langues, Terminogramme 99-100 (automne 2001), pp. 69-80.
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