Cet été encore, Le Devoir
nous sert sa « bien-aimée rubrique Point de langue », « à mi-chemin entre l’essai et
la vulgarisation scientifique. » L’année dernière, j’avais exprimé des
réserves sur ces chroniques (voir mes billets des 5 août 2024,
12 août 2024 et 19 août 2024).
La
chronique du week-end dernier portait sur les mots job, fun
et week-end. Je me contenterai de citer ce passage où l’autrice critique
l’utilisation de l’expression c’est fun par des Québécois au lieu de c’est
l’fun, d’usage courant depuis bien longtemps au Québec : « Pourquoi
calquer notre usage d’une expression séculaire sur l’usage somme toute assez
récent en France ? » (Le Devoir, 5 juillet 2025). On dirait
que la chroniqueuse oublie que les locuteurs, même québécois, ne vivent pas en
vase clos, ils ont facilement accès à des médias étrangers, ils voyagent et
trimbalent des mots avec eux, des étrangers s’établissent chez eux et on parle
même du Plateau Mont-Royal à Montréal comme étant le 21e arrondissement
de Paris.
Les endogénistes (partisans
d’une norme proprement québécoise) sont profondément ringards : voir mon
billet « Le purisme pure-laine ou le Grand Bond en arrière ». Le purisme
pure-laine cherche à maintenir en vie des mots ou des expressions
qui tendent à disparaître en arguant du fait qu’ils étaient anciennement en
usage au Québec. Ces puristes ont fréquemment recours à des citations de textes
antérieurs au xxe siècle pour justifier leur conservatisme.
On trouve un parallèle de
cette attitude dans le mode de communication des pharmaciens avec les médecins :
pour le renouvellement des ordonnances ils continuent de recourir au fax, technologie
dépassée depuis des lustres partout ailleurs qu’au Québec. J’utilise sciemment
l’anglicisme fax car il n’y a plus lieu de se battre pour imposer un
terme français pour désigner un appareil qui aurait dû disparaître depuis longtemps.
Certains commentateurs sont
victimes du syndrome du fax, ils se refusent à la modernité.