La dernière « « bien-aimée
rubrique Point de langue » du quotidien Le Devoir, « à
mi-chemin entre l’essai et la vulgarisation scientifique », est une « ode
à la variation linguistique » et mériterait plus que les quelques
critiques que je vais ici formuler. Car je ne veux pas être victime de la loi
dite de Brandolini, selon laquelle la quantité d'énergie nécessaire pour
réfuter des sottises est supérieure d’un ordre de grandeur à celle nécessaire
pour les produire, selon la définition de Wilipedia.
Première affirmation
contestable : « la seule communauté francophone à avoir produit son
propre dictionnaire général complet est le Québec, et encore, il a fallu
attendre 2013, avec Usito (il y a eu d’autres ouvrages québécois au cours de la
riche histoire lexicographique du Québec, mais il s’agissait plutôt d’ouvrages
correctifs ou se concentrant sur les particularismes). »
Réfutation : Claude
Poirier et Lionel Meney ont déjà montré que l’architecture des articles du
dictionnaire Usito reprend souvent celle du Trésor de la langue
française (TLF), dictionnaire en 16 volumes (plus supplément) produit à
Nancy et depuis plusieurs années disponible gratuitement en ligne. Lionel Meney
va même plus loin lorsqu’il affirme : « Usito,
prétendument « dictionnaire général et complet » du français
québécois, a en réalité repris massivement les termes, les sens et les
définitions du dictionnaire du Centre national de la recherche scientifique de
France le Trésor de la langue française en 16 volumes. » Pour plus
de détails, cliquer ici.
Seconde affirmation : « lors
de la Révolution française, la diversité des dialectes est perçue comme un
frein à l’idéal d’unité et d’égalité […] La diabolisation des dialectes n’a eu
d’autres conséquences qu’une perte de richesse linguistique et la honte dont on
garde le souvenir jusqu’à aujourd’hui, comme en témoigne ce message qui aurait
été affiché dans les classes de Bretagne : « Il est interdit de
parler breton et de cracher par terre ».
Réfutation : à l’époque
de la Révolution française, on ne parlait pas de dialectes mais de patois.
Et, cerise sur le gâteau, la chroniqueuse considère que le breton est un
dialecte. Pour tout linguiste un peu sérieux, le breton est une langue à part
entière. Et dans la France contemporaine on le considère comme une langue
régionale au même titre que le basque, l’alsacien et nombre de langues des
territoires d’Outre-mer.
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