Les médias parlent beaucoup, ces jours derniers, du voyage au Québec du « couple royal » Kate et William. Tout cela appelle quelques remarques d’ordre linguistique.
On reprend en français l’appellation familière Kate alors que ne viendrait à personne l’idée, si cette duchesse était francophone de naissance, de l’appeler Catherinette. Je me demande si, en russe, on oserait l’appeler Katioucha ailleurs que dans son cercle familial et parmi ses amis. Quand le président Bill Clinton a prêté serment, il l’a fait sous le nom de William Jefferson Clinton :
On voit par là que l’usage dans les diminutifs de prénoms est fort variable selon les langues et selon les circonstances. Et que la familiarité n’atteint pas le duc de Cambridge, qu’on appelle toujours le prince William, non le prince Bill.
Deuxième remarque : on parle déjà du « couple royal » alors qu’Élisabeth II est toujours de ce monde ou qu’elle n’a pas encore abandonné son rôle pour celui de reine-mère. Et c’est vite oublier que l’actuel prince de Galles n’a ni renoncé à son titre de premier prétendant au trône ni passé l’arme à gauche. L’usage « couple royal » ne serait-il pas dû à une influence – même subreptice – de l’anglais ? Comme l’indique Wikipédia (s.v. Royal family), « in common parlance members of any family which reigns by hereditary right are often referred to as royalty or "royals" ». D’où l’expression Royalty is in town pour indiquer qu’un membre de la famille royale, duc, prince, etc., visite une ville.
Dernière remarque, et la plus intéressante du point de vue du français. Tous les rois qui, dans l’histoire d’Angleterre, s’appellent William en anglais, se nomment Guillaume en français. Les voici :
Guillaume Ier le Conquérant (ou le Bâtard)
Guillaume II le Roux
Guillaume III de Nassau, qui devint roi après avoir renversé son beau-père Jacques II
Guillaume IV, l'oncle de la reine Victoria
À son avènement, sous quel nom les dictionnaires français enregistreront-ils le nouveau roi ? Dans les listes, passera-t-on de Guillaume IV à William V ? On peut parier pour la seconde hypothèse puisque l’habitude se perd de traduire les prénoms (ainsi a-t-on toujours parlé de Mikhaïl Gorbatchev [Горбачёв se prononce Gorbatchov] plutôt que de Michel Gorbatchev). Mais il y a des exceptions qui résistent : les noms des papes continuent d’être traduits. Ainsi le pape actuel est-il diversement appelé Benedictus, Benoît, Benedict (anglais), Benedikt (allemand), Benedetto (italien), Benet (eh oui ! en catalan), Benedicto (espagnol), Benedek (hongrois), Bento (portugais), etc.
c'est clair comme un dauphin vert ...
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