Je reprends le titre d’un article de Marco Fortier dans Le Devoir de ce matin. Je me permets d’en citer quelques extraits :
Éléonore Bernier-Hamel a été estomaquée en corrigeant la dissertation finale de ses étudiants en littérature québécoise cette semaine. En dix ans d’enseignement au collégial, elle n’avait jamais vu des lacunes aussi flagrantes en français. Plus de la moitié de ses élèves ont échoué. La moyenne du groupe a été de 65 %. Elle avait pourtant abaissé ses exigences à cause des difficultés de l’enseignement à distance.
[…]
« Je me questionne sur le contenu des cours au secondaire, dit Éléonore Bernier-Hamel. Je m’interroge sur le programme, pas sur les profs. Les élèves arrivent avec une série de lacunes qu’on doit essayer de rattraper au collégial. J’ai l’impression qu’on diplôme des analphabètes fonctionnels au secondaire. Il y en a plein au cégep. »
[…]
La pandémie a mis en relief une possible faille du système scolaire, affirme de son côté Elisabeth Rousseau, enseignante en littérature au collège André-Grasset : les étudiants dits « ordinaires » qui ont généralement réussi à l’école, mais qui arrivent désorganisés au cégep. « Les plus problématiques ne sont pas les élèves en difficulté, qui ont des besoins particuliers, dit-elle. Ce sont plutôt ceux qui croient comprendre, qui ont toujours eu 80 %, mais qui ne savent pas lire correctement. On dirait que ces étudiants-là ne veulent pas apprendre. »
Elle croit que le programme pédagogique en lecture rate la cible dès le niveau primaire. « Les devoirs [au primaire], c’est n’importe quoi. Les enfants lisent avec des œillères pour trouver les réponses aux questions, mais ils n’apprennent pas à décoder le sens du texte. C’est extrêmement préoccupant », dit Elisabeth Rousseau.
[…]
La pandémie a accéléré la baisse du niveau de français des élèves, mais le déclin a commencé bien avant, estime Sophie Milcent, enseignante de littérature au collège Mérici, un établissement privé de Québec. La prof, qui enseigne depuis 20 ans, constate depuis plusieurs années un manque de vocabulaire et de culture générale des jeunes.
D’année en année je mets à jour ma comparaison des résultats à l’épreuve uniforme de français : il est indéniable qu’il y a une baisse de niveau sur une vingtaine d’années. J’ai publié plusieurs billets sur le sujet (cliquer ici pour lire un résumé de mes constats). J’ai essayé de sensibiliser à ce problème je ne sais plus combien de journalistes. Rien n’y fait, le sujet ne les intéresse pas. Ou n’ont-ils pas envie d’affronter une conséquence possible s’ils attiraient l’attention sur ces résultats : la remise en cause de la dernière réforme de l’enseignement. C’est ce qu’implicitement font deux enseignantes dans le reportage de ce jour quand elles disent : «le programme pédagogique en lecture rate la cible dès le niveau primaire» et «la pandémie a accéléré la baisse du niveau de français des élèves, mais le déclin a commencé bien avant».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire