samedi 5 octobre 2024

En hommage à Daniel Pinard : seconde partie

  

Je republie aujourd’hui une partie de la conclusion de mon étude des courriels publiés sur le site Internet de l’émission animée par Daniel Pinard.

Plusieurs auteurs de courriels font montre d’une virtuosité impressionnante, comme on aura pu le constater à la lecture des exemples qui illustrent le billet précédent. Je ne peux résister au plaisir de citer les trouvailles stylistiques suivantes :

 

     Toutefois étant une maman, je regarde quelquefois sur le pouce....il serait donc souhaitable de pouvoir retrouver ces charmantes recettes sur le site internet. (1-438)

     Je me fout pas mal de votre sortie du garde-manger (vous avez tout à fait raison, ça ne nous regarde pas), toutefois, je voudrais vous remercier d'avoir fait la démonstration que l'intelligence savait gardé sa dignité devant la stupidité. (60-178)

     Le verbe de Monsieur Pinard titille autant mes oreilles que ses préparations, mes papilles. (1-441)

     Comme nous tous, pour avoir droit à l'assiette au beurre, il vous faut baratter un peu. (62-159)

 

D’autres correspondants font montre d’un humour subtil :

 

     Voyez‑vous je ne suis pas le seul a être sourd mon épouse aussi mais elle ne le sait pas encore. (12-31)

     je ne suis pas etonne une miette(restons un peu ds la bouffe)que vous, M.Pinard, vous vous soyez lever... (61-49)

     Mon épouse et moi sommes à planifier la rénovation de notre cuisine. Nous voulons l'agrandir et la rendre plus fonctionnelle. Mon épouse y passe beaucoup de temps, non par obligation mais par passion. (Mon tour de taille pourrait en témoigner.) (57-23)

 

Évidemment, le désir de faire montre de virtuosité peut donner à l’occasion des résultats discutables, au goût pour le moins douteux :

 

     […] mais, puisque vous nous demandez des commentaires... la miss couscous gesticulante fardée au curcuma dont nous avons rapidement oublié le nom... le moins souvent possible por flavor... (1-138)

     Non pas que je suis un amateur de ce (faux) "PArmesan" sentant a l'exces la botte de "jobber" surchaufee […] (54-138)

 

Plusieurs textes sont émaillés de références littéraires, telle cette allusion au Petit Prince : «... et l'essentiel n'était plus invisible à nos yeux!» (6-41). Certains citent le philosophe Thomas de Koninck, le romancier J. Gaarder, La Bruyère, le Talmud et même les frères Goncourt:

 

     "Ce qui entend le plus de bêtises dans le monde, est peut-être un tableau de musée." Les frères Goncourt n'ont pas tort mais avouons que la palme peut être aussi attribuée à un télespectateur devant son écran où Bratwaite et compagnie sont capables du pire. (62-33)

 

Un autre correspondant émet un jugement qui n’est pas sans faire penser au style de Saint-Simon – fait de raccourcis fulgurants et de sévérité implacable, recourant parfois même au «terme bas» (et dont l’orthographe et la syntaxe n’étaient pas non plus toujours impeccables) :

 

     Il y a longtemps que le vomi de Mr. Brathwaite m'excède (l'example de la plongeuse Mlle Pelletier me vient à l'esprit). Dès ces débuts, je l'ai toujours trouvé ordinaire, en ce sens que bien qu'il fut "pas mal" dans bien des domaines artistiques (animation, jeu, etc.) il n'excellait dans rien. (60-179)

 

Comme le lecteur peut déjà le supposer, l’analyse de ce volumineux corpus de courriels n’a pas été qu’un travail fastidieux, cela a souvent été un plaisir.

*   *   *

J’ai publié il y a quelques années deux autres billets basés sur mon étude des courriels envoyés à Daniel Pinard :

·       Un billet méthodologique sur l’utilisation des pronoms pour déterminer l’âge des auteurs de ces courriels : cliquer ici.

·         Un billet polémique en réponse à deux hurluberlus qui, après la présentation de ma recherche lors d’un colloque, avaient fait valoir que les fautes de français n’existaient pas : cliquer ici.

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire