dimanche 16 décembre 2012

En deçà des promesses / 4



Continuons l’exploration du Dictionnaire de la langue française, le français vu du Québec, le Franqus.


Carter

Le Franqus a bien le verbe carter dont il dit : « L’emploi du verbe carter qqn est critiqué comme synonyme non standard de contrôler qqn, demander à qqn une carte, une pièce, une preuve d’identité. »


Le problème, c’est que les deux exemples qu’il donne n’en sont pas mais sont plutôt des définitions : Demander une carte d’identité à un jeune adulte avant de lui vendre de l’alcool, du tabac ; se faire contrôler à l’entrée d’un bar.


Le Franqus n’a pas le verbe discarter, défini ainsi par le Grand dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française : « Rejeter de son jeu (une ou plusieurs cartes qui seront remplacées à la donne suivante) ». Le Franqus a perdu une belle occasion de « hiérarchiser l’usage » puisque le bulletin linguistique hebdomadaire de Radio-Canada nous met en garde :

Dans la langue des jeux de cartes, on remplacera le verbe discarter par se défausser de ou écarter. Par exemple, au lieu de dire qu’on discarte le deux de pique, on dira qu’on se défausse du deux de pique ou qu’on écarte le deux de pique. (Le français au micro, semaine du 5 au 11 janvier 2009)


Circulaire

Le Franqus n’a pas enregistré le sens de « prospectus » que le mot circulaire a en français québécois. Selon le Trésor de la langue française au Québec, le mot est attesté en ce sens depuis 1975.

Selon l’Office québécois de la langue française, dans son Grand dictionnaire terminologique, « il faut éviter d'employer au sens de ‘ feuillet publicitaire ‘ le terme circulaire, calqué sur l'anglais circular. »

 
Trait-carré

À plusieurs reprises ces jours-ci, j’ai entendu à la radio et à la télévision parler de la fête de Noël au Trait-Carré de Charlesbourg. Le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française nous dit :

Le trait-carré est associé à un mode de lotissement radial. Au Québec, ce mode de lotissement a été adopté pour former deux noyaux de peuplement : Charlesbourg et Bourg-Royal (situés actuellement dans l'arrondissement de Charlesbourg, à Québec). Le premier correspond maintenant aux rues appelées Le Trait-Carré Est et Le Trait-Carré Ouest, le second aux rues appelées carré De Tracy Est et carré De Tracy Ouest.
Le 16 janvier 2007, la Commission de toponymie du Québec a approuvé le terme trait-carré ainsi que sa définition, pour la gestion des noms de lieux.


On ne trouve aucune mention de l’expression trait-carré dans le Franqus ni à l’entrée carré ni à l’entrée trait. Ce qui est curieux dans un dictionnaire dont on nous dit qu’il existe « parce que le Québec a un environnement naturel (une faune et une flore) nord-américain particulier, des institutions politiques, sociales, culturelles, d’enseignement, qui diffèrent de celles de l’Europe, etc. »


Référence

Il a beaucoup été question de la référence ou du placement syndical dans l’actualité des dernières semaines :

Au départ, l'élimination du placement d'employés par les syndicats devait arriver au même moment où le Service de référence de la main-d'œuvre de l'industrie de la construction, administré par la Commission de la construction du Québec, allait être mis en place.
[…]
La CSQ-Construction se désole que le règlement encadrant la référence de la main d'œuvre n'ait pas encore été adopté, mais soutient que l'industrie « ne s'en trouvera pas paralysée » pour autant.

Site de Radio-Canada, « Placement syndical : un nouveau système impossible à respecter, dit la FTQ », 2 décembre 2012




On ne trouve pas ce sens du mot référence dans le Franqus. Sens par ailleurs critiqué, par exemple par l’Asulf dans son mémoire à la Commission de l’économie et du travail de l’Assemblée nationale en octobre 2011. Encore une fois, le Franqus perd une occasion de « hiérarchiser » les usages et passe sous silence (ou à la trappe) un usage québécois.

À suivre

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