La semaine dernière Le Soleil de Québec nous apprenait que l’Office québécois de la langue française cherche un nouveau nom pour le « vélo boulevard » de cette ville. La journaliste résumait ainsi le problème :
« Vélo boulevard » est une traduction littérale de l'expression bicycle boulevard (ou bike boulevard) popularisée aux États-Unis. Celle-ci désigne une rue où la vitesse est réduite et qui a été aménagée pour faciliter les déplacements à bicyclette. Or, un boulevard est une voie de circulation d'au moins quatre voies. Problème de langue, donc, et de définition. (Le Soleil, 29 novembre 2012)
Notons au passage que l’Office est prisonnier de la définition restrictive qu’il a lui-même normalisée du mot boulevard (artère de circulation d’au moins quatre voies) car le mot est défini autrement dans le Larousse et dans Wikipédia :
► Larousse :
« Large voie de communication urbaine plantée d’arbres. »
► Wikipédia :
« Le mot vient du néerlandais bolwerk signifiant « bastion », « rempart ». À l'origine, c'est donc une voie de communication reposant sur d'anciens remparts. Il permet ainsi de contourner une ville de l'extérieur (comme le fait une ceinture périphérique).
[…]
Actuellement le terme boulevard (comme le reste des termes spécifiques d'urbanisme) a été élargi et peut aussi bien désigner un axe de circulation important et de largeur considérable qu'une petite rue à chaussée non-séparée en plein centre-ville et aucune obligation n'est notée quant aux suivi du tracé d'anciens murs. Toutefois, on pourra remarquer que c'est une voirie qui se doit de comporter au moins sur ses bords des allées plantées pour mériter son appellation, exception faite de plusieurs villes du sud de la France telles que Marseille ou Toulon, où de nombreuses voies portant le titre de boulevard ne sont en réalité que d'étroites rues sans plantations. »
Notons aussi que, pour l’Office, la formation vélo boulevard pose problème à un autre titre :
Les calques de l'anglais vélo boulevard et boulevard vélo (de bicycle boulevard) sont à déconseiller. Vélo boulevard ne respecte pas le mode de composition en français où, généralement, c'est le nom qui suit qui détermine le nom qui précède. (Grand Dictionnaire terminologique, fiche de 2011)
La journaliste ajoutait ce commentaire d’un conseiller municipal :
« J'admets que "vélo boulevard", ce n'est peut-être pas français, mais tout le monde comprend c'est quoi et c'était facile à utiliser», soupire le conseiller François Picard, responsable du dossier, qui «ne souhaite pas compliquer les affaires ». Pour l'instant, lui-même parle du bike boulevard: « Au moins, j'utilise un vrai terme anglais au lieu de parler à la française avec des termes anglais », dit-il en rigolant.
Le conseiller municipal tient le même discours que moi. À plusieurs reprises j’ai dénoncé dans ce blog ceux qui parlent anglais avec des mots français (la dernière fois dans le billet « De Kupwar à Montréal sur les traces de la langue standard »; voir aussi « Parler anglais en français »).
La journaliste du Soleil nous apprend aussi que l’Office fera connaître le résultat de ses réflexions sur vélo boulevard dans le Grand Dictionnaire terminologique.
Attendons donc le prochain acte de ce… boulevard.
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