mercredi 19 décembre 2012

En deçà des promesses / 5



Suite de mon exploration « à sauts et gambades » du Dictionnaire de la langue française, le français vu du Québec, le Franqus. Dans ce billet, j’aborde la question des définitions dans le Franqus et celle des prononciations. Je ne fais qu’exposer quelques problèmes puisque je n’ai pas l’intention de corriger à moi seul ce dictionnaire.


Péplum

Il est intéressant de comparer les définitions du  Franqus, du Trésor de la langue française informatisé (TLFi) et du Larousse en ligne :

Franqus
Trésor de la langue
française informatisé

Larousse
Dans l’Antiquité, tunique sans manches, agrafée sur les épaules
ANTIQ. GR. ET ROMAINE. Vêtement féminin formé d'une grande pièce d'étoffe rectangulaire, maintenue sur les épaules par deux agrafes, avec un rabat retombant à l'extérieur.
Dans la Grèce antique, tunique féminine de laine, faite d'un rectangle de tissu enveloppant le corps et dont la partie supérieure est repliée sur le buste.



La définition du Franqus omet un élément essentiel : le péplum est un vêtement de femme.


Peso

La définition que le Franqus donne de ce mot laisse à désirer. Comparons-la avec celles du TLFi et du Larousse :

Franqus
Trésor de la langue
française informatisé

Larousse
Unité monétaire de plusieurs pays d’Amérique latine, de Cuba, de la République dominicaine et des Philippines
Unité monétaire de plusieurs pays d'Amérique latine, dont l'Argentine, la Bolivie et le Mexique.
Unité monétaire principale de plusieurs pays d’Amérique latine (Argentine, Chili, Colombie, Cuba, République dominicaine, Mexique, Uruguay) et des Philippines



La définition du Franqus laisse entendre que Cuba et la République dominicaine ne font pas partie de l’Amérique latine. Pourtant, comme l’indique Wikipédia, « La définition la plus fréquente de l'Amérique latine retient en pratique les 18 pays indépendants de l'Amérique hispanique, dont la langue officielle principale est l'espagnol, en y ajoutant le Brésil, dont la langue officielle est le portugais. »


Autre curiosité : le Franqus donne comme prononciation [pəzo] (avec un e dit muet) tout en indiquant qu’il est possible selon les rectifications orthographiques (RO) d’écrire péso. Personne ne semble avoir vu la contradiction. Remarquons au passage que le TLFi donne trois prononciations possibles, [pezo], [peso], [pɛzo], mais pas celle retenue par le Franqus.


À elle seule, la question des transcriptions phonétiques dans le Franqus mériterait une longue étude. Ainsi, le Franqus indique que la dernière syllabe de handball se prononce comme la dernière de baseball : ['andbɑl], [bezbɑl]. Le TLFi, pour sa part, donne [ãdbal] avec le premier a nasalisé et la finale se prononçant comme dans balle, ce qui est conforme à l’origine allemande du mot. Le Franqus traite handball comme s’il s’agissait d’un mot américain ; en cela, il est fidèle à l’usage québécois qu’il se garde bien de hiérarchiser par rapport à l’usage français dont il ne dit rien. Pour le mot gang, il n’a que la prononciation [gaɲ] (gagne) alors que dans la version numérique du Multidictionnaire de Marie-Éva de Villers l’acteur Gérard Poirier donne les prononciations [gãg] et [gaɲ] : encore une fois, le Franqus perd une occasion de hiérarchiser les usages. Pour cocktail, le Franqus préfère la prononciation anglicisante [kɔktel] et passe sous silence [kɔktɛl]. En revanche, pour bagel, il donne la prononciation à l’anglaise [begœl] et la prononciation francisée [bagɛl]. Pour square, il n’a que la prononciation québécoise [skwɑR] et ne mentionne pas la prononciation à l’anglaise [skwɛ:R], que donne pourtant le TLFi, ni la prononciation française [skwa:R]. La variante diphtonguée de [skwɛ:R] est pourtant fréquente au Québec.


Bref, en ce qui concerne la prononciation, et en particulier la prononciation des mots étrangers, le Franqus ne semble pas avoir de doctrine ferme, allant tantôt dans un sens, tantôt dans l’autre.

Pour vous changer les idées, je vous propose d’écouter ceci :
Martha Argerich, le trompettiste David Guerrier
et le chef Gabor Takacs-Nagy au Festival de Verbier en 2010
 
À suivre

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