Par une combinaison de facteurs variant de
décisions gouvernementales aux histoires au petit écran, nous bâtissons notre
culture. Celle-ci définit, entre autres, les préjugés que nous entretenons. Par
exemple, depuis le XVIIIe siècle, le masculin l’emporte sur le féminin
parce que le grammairien Nicolas Beauzée a déclaré « la supériorité du mâle sur la femelle ».
–
Fabrice Vil, « Une victime imparfaite », Le Devoir, 28 octobre 2016
Le
chroniqueur écrit que « depuis le XVIIIe siècle, le masculin
l’emporte sur le féminin parce que le grammairien Nicolas Beauzée a déclaré
‘ la supériorité du mâle sur la femelle’ ». C’est
aller un peu vite en besogne. La règle est bien plus ancienne.
En
grec ancien, « si les sujets sont des noms de personnes de genre
différent, l’attribut se met au masculin pluriel » (grammaire Ragon,
numéro 184) : Η τύχη και Φίλιππος ήσαν
των έργων κύριοι (Eschine,
Amb., 131). En latin, si les sujets sont de genre différent, l’attribut se met
au masculin pluriel (grammaire Debeauvais, numéro 323) : pater et mater boni sunt.
Il
ne faut pas se laisser trop impressionner par les étiquettes grammaticales et en tirer des conclusions influencées par l'idéologie. Des
linguistes, dans la ligne du Cercle linguistique de Prague (qui connut son
apogée dans les années 1930), préfèrent parler de genre non marqué (pour le
masculin) et de genre marqué (pour le féminin).
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