mardi 17 août 2021

La fiche navette

 

Le gouvernement Legault veut mettre fin au phénomène du fly-in fly-out, bien connu des régions nordiques, et faire en sorte de peupler cette partie du Québec située au nord du 49e parallèle.

[…]

« On ne bâtit pas une société forte avec des gens qui entrent et qui sortent continuellement. Je n’aime pas le navettage, le fly-in fly-out », a-t-il dit, sans fixer d’objectif précis pour corriger la situation, qui n’a rien de nouveau.

Le Devoir, 17 août 2021, p. B4

 

J’avais noté le 4 mai 2012 que le Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF) n’avait pas de fiche « fly-in fly-out ». La lacune a été corrigée depuis. Plus exactement, il n’y avait toujours pas de fiche « fly-in fly-out » mais une fiche « fly-in- fly-out worker » avec comme entrée principale « travailleur volant » et la note : « Travailleur navetteur est proposé pour remplacer le terme anglais fly-in fly-out worker. » Puisque c’était le terme travailleur navetteur qui est proposé, je me demandais pourquoi on ne l’avait pas mis en entrée principale. La fiche a été refaite en 2019 et ce détail a été corrigé.

 

Mais il y a encore un ou deux détails à corriger dans la note de la nouvelle fiche : « Le terme travailleur navetteur et sa variante travailleuse navetteuse ont été proposés par l'Office québécois de la langue française en 2012 pour désigner ce concept ». Depuis quand considère-t-on que le féminin est une variante ?

 

De plus, le terme proposé, travailleur navetteur, constitue un pléonasme : par définition, le navetteur est un travailleur qui se déplace régulièrement entre son domicile et son lieu de travail. Voyons ce que disent les dictionnaires qui font autorité :

 

Trésor de la langue française informatisé : subst. masc., région. (Belgique). ‘‘Personne qui fait la navette, qui voyage régulièrement par chemin de fer entre son domicile et le lieu de son travail.’’

Larousse en ligne : En Belgique, personne qui se déplace quotidiennement par un moyen de transport en commun entre son domicile et son lieu de travail.

 

Ce qui est tout de même paradoxal, c’est que le GDT avait lui-même produit en 2001 une fiche « navetteur » (« personne qui effectue l'aller et le retour entre son domicile et son lieu de travail » !!!). Il a en plus repris, en 2006, la fiche « navetteur » de FranceTerme. Il lui suffisait d’ajuster la définition. À la limite, il aurait pu proposer « navetteur volant » (précision qui ne m’apparaît pas nécessaire).

 

On a ajouté en 2019 une fiche portant l’entrée principale « travail par navette », synonyme « travail par navettage ». Le premier ministre du Québec, dont les propos ont été rapportés plus haut, parle tout simplement de navettage, ce qui est beaucoup plus idiomatique.

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire