Ce qui me choque le plus, c'est qu'ils ne pas
capables de travailler de façon systématique en étudiant les notions entres
elles, même à l'intérieur d'une toute petite nomenclature. Pas capables de voir
la relation entre le corridor cyclable
et leur vélorue. Tout ça parce que
les principes de la recherche terminologique, on s'en fout.
– Témoignage d’une personne qui a travaillé comme terminologue à l’Office
québécois de la langue française
Je continue mes commentaires sur la fiche vélorue du Grand Dictionnaire
terminologique (GDT) de l’Office de la langue française et sur le vocabulaire À vos vélo ! en ligne sur le site
de l’Office.
Rappelons qu’en 2011 le
Grand Dictionnaire terminologique affirmait :
Les calques de l'anglais vélo boulevard et
boulevard vélo (de bicycle boulevard) sont à déconseiller. Vélo
boulevard ne respecte pas le mode de composition en français où,
généralement, c'est le nom qui suit qui détermine le nom qui précède.
La même année, 2011, la commission générale
de terminologie et de néologie de France officialisait le terme véloroute qui, lui non plus, « ne respecte pas le
mode de composition en français où, généralement, c'est le nom qui suit qui
détermine le nom qui précède ». Ce terme sera pourtant repris par le
GDT en 2013 avec la remarque : « Le terme véloroute a déjà été
critiqué, mais il est dorénavant considéré comme correct. »
On pourrait croire que le mode de composition qui
condamnait le terme vélo boulevard
est dorénavant accepté par l’Office. Sauf que…
Sauf que, dans le vocabulaire À vos vélo !, on trouve la forme corridor-vélo qui, lui, respecte « le mode de
composition en français où, généralement, c'est le nom qui suit qui détermine
le nom qui précède ».
Il y a dans tout cela un manque de systématicité qui non
seulement est navrant mais qui est contraire à l’esprit même de l’activité
terminologique. Ce manque de systématicité se manifeste aussi dans le fait que
les définitions ne précisent pas clairement ce qui différencie la vélorue du corridor-vélo (appelé aussi corridor
cyclable).
Même à l’intérieur d’une toute petite nomenclature, on s’est
révélé incapable de distinguer clairement les concepts entre eux. On ne fait
même pas de renvoi d’une fiche à l’autre. Et pour cause : l’usager ne s’y
retrouverait plus.
La recherche terminologique est l’étude systématique des
termes d’un domaine. En bonne méthode, on doit préciser les concepts du domaine
et déterminer les termes qui les désignent. Ce qu’on constate dans les fiches dont
j’ai traité, c’est l’atomisation de la recherche, aucun lien n’étant fait entre
les concepts. D’ailleurs, y a-t-il bien deux concepts différents dans le cas
qui nous occupe aujourd’hui ? Vélorue
(« …suite de rues… ») et corridor-vélo
(corridor cyclable), n’est-ce pas la
même chose ?
Encore une fois, on voit que les anciens terminologues de
l’Office québécois de la langue française ont eu raison d’attirer l’attention
sur les dérives de la recherche terminologique à l’Office depuis plus d’une
dizaine d’années.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire