Le 1er mars dernier, je posais la question : où en est le bilan de la situation linguistique ? Je précisais :
La loi fait obligation à
l’Office québécois de la langue française de produire tous les cinq ans un
bilan de la situation linguistique. Or, il ne l’a pas fait. Comment expliquer
cette omission ?
Le dernier bilan rendu public
l’a été en mars 2008. L’Office a ensuite mis en ligne un plan de travail pour
la période 2008-2013. Dans son rapport annuel 2011-2012, l’OQLF écrit que
« les travaux, qui s’échelonneront jusqu’en 2013, permettront de poser un
diagnostic fiable sur la dynamique linguistique québécoise ». On aurait
donc dû s’attendre à la publication d’un bilan en 2013. Or, en 2013, l’Office
n’a publié qu’une seule étude, mais pas de bilan.
Lors de l’étude des crédits budgétaires 2014-2015 du ministère de la Culture et des Communications, volet Charte de la langue française, le porte-parole de l’Opposition officielle n’allait évidemment pas demander pourquoi l’Office n’avait pas produit de bilan lorsque son parti était aux affaires. Heureusement que le deuxième groupe d’opposition s’est révélé à la hauteur. Voici des extraits de la transcription, non révisée, de la séance du 30 juin 2014 de la Commission de la culture et de l’éducation. Vous y trouverez la réponse à la question : l’Office a-t-il respecté ses obligations légales ?
La Présidente (Mme Rotiroti) : …du côté du deuxième groupe
d'opposition, Mme la députée d'Iberville, la parole est à vous pour une période
de 21 minutes.
Mme Samson : Merci beaucoup. En vertu du chapitre II de la loi
101, « l'Office surveille l'évolution de la situation linguistique au
Québec et en fait rapport au moins tous les cinq ans au ministre, notamment en
ce qui a trait à l'usage et au statut de la langue française ainsi qu'aux
comportements et attitudes des différents groupes linguistiques ». Or, le
dernier rapport remonte à 2008. Depuis, aucun portrait d'ensemble n'a été
dressé au Québec sur l'état de la langue française. Interpellé sur cette
question en avril dernier par le président d'Impératif Français, l'Office a
rétorqué que le bilan de 2008 avait l'objet de critiques en raison de sa
lourdeur et de l'absence de conclusions claires. L'Office a donc choisi de
publier depuis des documents et études de façon ponctuelle. Depuis 2010,
l'organisme a publié une quinzaine de documents et d'études de faits saillants.
Au bout du compte, nous avons des études sectorielles, mais le portrait
d'ensemble n'est plus là. Et, pendant ce temps, il est important de souligner
que l'Office ne se soumet pas à la loi. Mme la Présidente, j'aimerais savoir si
la ministre compte exiger de l'Office qu'il produise, comme la loi l'exige, son
bilan complet sur l'état de la situation linguistique du Québec.
La Présidente (Mme Rotiroti) : Mme la ministre.
Mme David (Outremont) : Écoutez, l'Office québécois de la langue
française a un nouveau président dont je souligne la présence, M. Vézina.
Effectivement, il y a eu 14 études entre septembre 2011 et août 2013, donc cinq
sur le portrait démolinguistique, cinq sur la langue d'accueil, service d'affichage
et langue utilisée sur Internet, très important, en juin 2012, 27 novembre,
langue de travail, il y a eu trois études, et une sur les trajectoires
linguistiques le 23 août 2013. Alors, il y aura un programme de recherche,
évidemment, qui va être établi. Et j'aurai l'occasion d'en parler évidemment
avec les membres de l'Office. Et les études se continuent et, je pense, sont
tout à fait en ligne directe avec l'importance de donner à tous les cinq ans…
Bon, l'usage de la langue française, on est tous d'accord, le mandat est
inscrit dans la Charte de la langue française.
Alors, écoutez, est-ce qu'on va en faire
un tout aggloméré, je pense, c'est le sens de votre question, ou des portraits
qui sont spécifiques ? Je pense que les études spécifiques sont extrêmement
importantes. Est-ce qu'on voudra, et peut-être que je laisserai, je ne sais pas
si l'Office a une position là-dessus, mettre ça de façon agglomérée? Mais
j'inviterais donc tout le monde, tous les députés, les gens intéressés par les
questions, de lire toutes ces études qui sont, ma foi, extrêmement
instructives. Alors, si vous permettez, M. Vézina pourrait compléter ma
réponse.
La Présidente (Mme Rotiroti) : Est-ce que ça vous convient?
Oui? Allez-y. Juste lui faire la place, ici, en avant auprès d'un micro, s'il
vous plaît. Juste vous identifier pour l'enregistrement, s'il vous plaît,
M. Vézina.
M. Vézina (Robert) : Oui. Bon, Robert Vézina,
président-directeur général de l'Office québécois de la langue française.
Alors, pour répondre à la question, Mme la Présidente, en effet, comme la
ministre vient de l'indiquer, au cours des dernières années, l'Office s'est
acquitté de son obligation de faire le suivi de la situation linguistique et
d'en faire rapport au moins tous les cinq ans au ministre. Ça s'est fait la
dernière fois par le dépôt d'à peu près 14 études, de 2011 à 2013. La dernière
a été déposée l'été dernier en 2013. Pour chaque étude, des résumés et des
faits saillants ont été produits.
Cela dit, il est vrai que, lors de cet
ensemble de dépôts d'études sectorielles, il n'y a aucune, vraiment, synthèse
globale qui a été produite. Il y en a une qui a été produite par le Conseil
supérieur de la langue française dans son avis paru en mars 2013, qui
s'intitule Redynamiser la politique linguistique du Québec. Il y a
vraiment une sorte de synthèse et un effort de résumer tout l'ensemble des
études qui étaient à la disposition du Conseil à cette époque, dont les études
de l'Office. Lors du prochain programme… Pour le prochain programme de
recherche qui va être établi dès cette année, il est maintenant prévu qu'une
synthèse globale sera produite, qui reprendra l'ensemble des constats qui
seront dégagés dans les études sectorielles. Parce qu'effectivement, moi le
premier, je considère ça très utile, pas seulement pour les parlementaires,
mais l'ensemble du public, utile d'avoir accès à une synthèse, là, qui permet à
tout un chacun de se faire une idée assez rapide de la situation selon certains
enjeux, là, qui interpellent tout le monde. Donc, effectivement, ce sera fait
pour la prochaine fois.
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