Durant la course à la succession de Pauline
Marois, les adversaires de M. Drainville, qui se présentait comme la « voix
de la laïcité »,
n’avaient qu’un seul désir : refermer cette « canne
de vers » au plus vite.
–
Michel David, « Le bouc émissaire »,
Le Devoir, 14 juin 2016
On
voit par cette citation que nos journalistes, même les meilleurs, sont
conditionnés à recourir à des expressions anglaises, ou à des traductions plus
ou moins approximatives d’expressions anglaises. Le Larousse anglais-français
en ligne traduit a (real) can of worms
par un (vrai) casse-tête. Le site
Linguee donne encore plus d’équivalents : un panier de crabes, un guêpier, un débat difficile ; to open a can of worms : ouvrir la boîte de Pandore. J’ai trouvé
ailleurs : sac d’embrouilles, nid à
emmerdes, sac de nœuds, et pour to
open a can of worms, donner un coup
de pied dans la fourmilière, lever un lièvre.
J’ajoute
la proposition suivante : nœud de vipères, « enroulement de
vipères enchevêtrées les unes dans les autres » (Trésor de la langue
française informatisé, s.v. nœud). Le TLFi est plus volubile s.v. vipère :
Nid/nœud de vipères.
Rassemblement de personnes méchantes, cruelles, malveillantes, médisantes;
regroupement de forces hostiles. Charpentier n'en finissait pas sur le nid
de vipères qu'est le couple Forain, me donnant à entendre leurs méchancetés (GONCOURT, Journal, 1893, p. 346). Le
goût des intrigues et des chicanes qui grouillent dans ces « nœuds de
vipères » que sont volontiers ces tribus décadentes [les familles] serrées sur
leurs intérêts, sur leurs rancunes jalouses, sur leurs haines aux aguets (MOUNIER, Traité
caract., 1946, p. 105).
Littér. Accumulation de choses mauvaises, de méchancetés, de médisances. Un article qui est un vrai nid de vipères, une invraisemblable accumulation de perfidies (GONCOURT, Journal, 1896, p. 937). Je connais mon cœur, ce cœur, ce nœud de vipères: étouffé sous elles, saturé de leur venin, il continue de battre au-dessous de ce grouillement. Ce nœud de vipères qu'il est impossible de dénouer, qu'il faudrait trancher d'un coup de couteau, d'un coup de glaive (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 163).
Comme
on le voit, on peut facilement se dispenser d’utiliser canne de vers car ce ne sont pas les expressions françaises qui
manquent pour rendre l’anglais (to open a)
can of worms.
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