Dans
Le Devoir de ce jour, la linguiste
Louise-Laurence Larivière signe un court texte intitulé « Le français
recule-t-il au Québec ? » :
Oui, il recule. Voici quelques exemples. Autrefois, les artistes
partaient en tournée, se produisaient sur une scène et se donnaient la
réplique. Maintenant, ces artistes sont sur la route (on the road), sur un stage
et oublient parfois leurs lignes (lines).
Autrefois, les joueurs de hockey jouaient à l’étranger. Maintenant, eux aussi
sont sur la route. Certains titres d’émissions de télévision possèdent un mot
français : Star Académie, Star Système, mais la structure inversée
n’est pas française, mais anglaise. On devrait dire L’Académie des stars et
Vedettariat (non pas le Système des stars). Le titre inversé Fatale-Station est
aussi un anglicisme, alors que l’on devrait dire Station fatale. De plus,
pourquoi ces germanismes : Oktobierfest (à Sainte-Adèle) et Igloofest (à
Montréal) ? Le Festival de la bière et le Festival de la neige ou le Festival
d’hiver ne sont pas des titres assez accrocheurs ? Que dire, finalement, de ce
cri du cœur de France Beaudoin lors de l’émission En direct de l’univers du
Jour de l’An : « Hallelujah de
Leonard Cohen est la plus belle chanson québécoise » ? Quand on en est
à qualifier une chanson en anglais de « plus belle chanson québécoise »
(indépendamment de la qualité de cette chanson), on peut se poser des questions
sur l’avenir du français au Québec !
Il
n’est pas nécessaire d’aller bien loin pour trouver d’autres exemples. Il y en
a déjà beaucoup dans Le Devoir
lui-même. Il y a quelques semaines, la chroniqueuse Francine Pelletier parlait
d’une « démonstration » au lieu d’une manifestation. La semaine
dernière, dans un article sur la fusillade de la mosquée de Québec qui lui a
valu une volée de bois vert, elle parlait de loner et de nerd. Dans sa
chronique du 25 janvier, elle écrivait : « près de trois millions
de personnes ont pris la rue partout sur la planète». Prendre la rue, to take to the street :
en français, on descend dans la rue. Radio-Canada n’est pas en reste avec des
titres d’émission comme « Médium large » et « La soirée est
encore jeune » (the evening is still
young). Et dans la vie de tous les jours on peut entendre l’interjection oh my God ! alors qu’il n’y a quand
même pas si longtemps on disait mon Dou !
ou mon Dieu !
La
question qu’on doit se poser est toujours la même : les Québécois
utilisent-ils plus d’anglicismes aujourd’hui que naguère ? Difficile d’y
répondre. Car on peut trouver des exemples d’anglicismes disparus ou en voie de
disparition. Dans le numéro du Devoir
d’aujourd’hui, la journaliste Odile Tremblay parle à propos de livres de meilleures ventes plutôt que de meilleurs vendeurs (best sellers). Et dans la vie de tous les jours (du moins à
Québec), rupture de stock semble
avoir éliminé back order.
Mais les mauvaises traductions continuent de fleurir :
Mais les mauvaises traductions continuent de fleurir :
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