Dans
une fiche de 2014, le Grand
Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française
(OQLF) donne comme équivalent français de soda
water et club soda le mot soda, tout court. Avec cette explication :
« Le terme soda est un emprunt à l'anglais complètement intégré au français. »
Complétée par la remarque : « Le terme soda désigne également une boisson non alcoolisée sucrée.»
Ces deux affirmations appellent des commentaires.
Première affirmation : « Le terme soda est un
emprunt à l'anglais complètement intégré au français. »
Commençons par citer la définition que le GDT donne de soda : « Eau traitée dans
laquelle on a dissous du gaz carbonique sous pression. »
Et comparons-la à celle du Trésor de la langue français informatisé
(TLFi) :
Vieilli. Soda-water ou soda. Eau gazéifiée par une solution de bicarbonate de soude. […]
Passons sur l’évolution technique dans la préparation du produit :
anciennement à l’aide de bicarbonate de soude, aujourd’hui par du gaz carbonique.
Il se dégage de la consultation du TLFi que ce sens du mot soda est vieilli.
Dans le même ordre d’idées, il convient de commenter une autre affirmation
du rédacteur[1]
de la fiche : « Les termes club
soda et soda club sont surtout
employés en Amérique du Nord dans l'industrie des boissons gazeuses. Ces
emprunts à l’anglais sont déconseillés puisqu'ils entrent en concurrence avec soda, emprunt ancien désormais intégré
au système linguistique du français. »
Il ne faut donc pas employer club
soda ou soda club parce qu’ils
concurrencent soda, « emprunt
ancien ». Or, selon le TLFi, la plus vieille attestation de soda en français est dans l’expression soda water et elle date de 1814. Et la
même expression est attestée au Québec (« fontaines à soda-water »)
en 1844 (selon le Trésor de la langue française au Québec). Ce qui est ancien,
ce n’est pas soda mais soda water. Puisque l’ancienneté est
pour les terminologues endogénistes le critère de l’admissibilité d’un terme, c’est
donc soda water que l’on doit
retenir.
Dans le même ordre d’idée, signalons la remarque suivante qui
apparaît dans la fiche « boisson gazeuse » : « Soda est un emprunt à l'anglais intégré
et légitimé en français». Je n’aurais pas tiqué si l’auteur avait
écrit : soda est un emprunt légitime.
Mais légitimé ? On aimerait bien savoir par qui. Sûrement pas par l’OQLF
qui a désofficialisé tous les termes relatifs aux sodas[2].
Seconde affirmation : « Le terme soda
désigne également une boisson non alcoolisée sucrée. »
Il
aurait d’abord fallu ajouter un mot dans la phrase précédente : Le terme soda désigne
également une boisson gazeuse non
alcoolisée sucrée. Et préciser que ce sens est le seul courant en français standard de nos jours.
Je
l’ai déjà écrit, je le répète : les terminologues endogénistes ont une
vision passéiste de la langue qu’ils cherchent à nous imposer. C’est ce que j’ai
appelé le Grand Bond en arrière.
[1]
On aura compris que, comme dans
certains documents administratifs, le masculin est ici utilisé « pour
alléger le texte ».
[2]
Je constate au passage que la
liste des retraits d’avis d’officialisation est inaccessible sur le site de l’OQLF.
Le rapport annuel 2015-2016 mentionne « le retrait de la Politique de l’emprunt linguistique, publiée en 2007, ainsi que le retrait
d’avis de recommandation et de normalisation de certains termes » (p. 15)
sans fournir plus de détails.
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