On
m’a rapporté le mot d’un de mes anciens patrons disant que le GDT avait perdu
son «t». C’est-à-dire que le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office
québécois de la langue française (OQLF) est de moins en moins terminologique.
En voici un nouvel exemple : la fiche « bonhomme Sept-Heures ».
On
se demande en effet ce que cette fiche a de terminologique. À la rigueur on
pourrait admettre sa présence dans le domaine « ethnographie » ou « folklore ».
Mais on l’a mise dans le domaine « linguistique », sous-domaine « langage ».
Il est vrai que l’étymologie de ce mot a, un temps, passionné une demi-douzaine,
au plus, de personnes du département de linguistique d’une université
québécoise. Était-ce suffisant pour que le mot figure à ce titre dans un
dictionnaire terminologique ?
Mais
cela m’amène à poser une question plus sérieuse : comment se fait-il que,
dans le domaine d’emploi « linguistique », il y ait un sous-domaine « langage » ?
Ne serait-il pas plus logique d’avoir des sous-domaines comme « étymologie »,
« phonétique », « morphologie », etc., plutôt que « langage » ?
La linguistique étant l’étude du langage, on s’attendrait à ce que ce soit elle
qui figure dans la classe des sous-domaines et que « langage » soit
le nom du domaine. Le GDT, c’est le monde à l’envers.
* * *
Le Devoir de ce jour publie une lettre de Solange Chalvin, ancienne directrice à
l’Office de la langue française :
Non à la pâte
à dents, à la brassière et à «bon matin»!
Ayant travaillé à la francisation des entreprises
durant une douzaine d’années, avec des centaines de conseillers en francisation
et de linguistes, à l’amélioration de la langue parlée et écrite au travail,
aussi bien dans les usines que dans les plus grands commerces, ainsi qu’à la
qualité de l’étiquetage et de l’affichage commercial, je n’accepte pas que
l’OQLF par le biais d’une nouvelle « Politique de l’emprunt
linguistique » fasse fi des efforts et des sommes considérables consacrés
par ces entreprises à la francisation des emballages, de la publicité et des
documents d’information sur leurs produits pour se conformer aux
recommandations de l’Office de la langue française de l’époque — c’était le nom
de l’OQLF jusqu’en 2002. Ce recul enlève toute crédibilité et toute efficacité
aux efforts antérieurs de l’Office.
Les consommateurs achètent aujourd’hui du
dentifrice (non de la pâte à dents), des soutiens-gorge (non des brassières),
des plateaux (non des cabarets) et fréquentent un comptoir à salades (et non un
bar à salades). Ces calques de l’anglais que nous avions fini par oublier
apparaîtraient de nouveau dans l’espace public par l’action de l’OQLF, qui a
pour mission de guider l’usage du français parlé et écrit au Québec.
Plutôt que de dépenser des sommes folles à faire
des suggestions permissives, plus farfelues les unes que les autres, l’OQLF
devrait consacrer ses énergies à promouvoir des cours de francisation pour
intégrer les immigrants à la société et au monde du travail, surtout dans les
entreprises qui accueillent des travailleurs immigrants, afin de faire du
français la langue de travail et de l’espace public.
J’aurais bien préféré que l’OQLF affiche
publiquement son désaccord avec ce « bonjour,hi » qu’on nous
sert de plus en plus dans les commerces ainsi que ce « bon matin »
(calque de l’anglais « good morning ») au lieu de
« bonjour », utilisé dans toute la francophonie, sans compter ce
« pas de problème » (calque de l’anglais « no problem »)
plutôt que « pas de souci ».
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