mardi 3 octobre 2017

Le GDT qui a perdu son « t »

  
On m’a rapporté le mot d’un de mes anciens patrons disant que le GDT avait perdu son «t». C’est-à-dire que le Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue française (OQLF) est de moins en moins terminologique. En voici un nouvel exemple : la fiche « bonhomme Sept-Heures ».


On se demande en effet ce que cette fiche a de terminologique. À la rigueur on pourrait admettre sa présence dans le domaine « ethnographie » ou « folklore ». Mais on l’a mise dans le domaine « linguistique », sous-domaine « langage ». Il est vrai que l’étymologie de ce mot a, un temps, passionné une demi-douzaine, au plus, de personnes du département de linguistique d’une université québécoise. Était-ce suffisant pour que le mot figure à ce titre dans un dictionnaire terminologique ?



Mais cela m’amène à poser une question plus sérieuse : comment se fait-il que, dans le domaine d’emploi « linguistique », il y ait un sous-domaine « langage » ? Ne serait-il pas plus logique d’avoir des sous-domaines comme « étymologie », « phonétique », « morphologie », etc., plutôt que « langage » ? La linguistique étant l’étude du langage, on s’attendrait à ce que ce soit elle qui figure dans la classe des sous-domaines et que « langage » soit le nom du domaine. Le GDT, c’est le monde à l’envers.

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Le Devoir de ce jour publie une lettre de Solange Chalvin, ancienne directrice à l’Office de la langue française :

Non à la pâte à dents, à la brassière et à «bon matin»!

Ayant travaillé à la francisation des entreprises durant une douzaine d’années, avec des centaines de conseillers en francisation et de linguistes, à l’amélioration de la langue parlée et écrite au travail, aussi bien dans les usines que dans les plus grands commerces, ainsi qu’à la qualité de l’étiquetage et de l’affichage commercial, je n’accepte pas que l’OQLF par le biais d’une nouvelle « Politique de l’emprunt linguistique » fasse fi des efforts et des sommes considérables consacrés par ces entreprises à la francisation des emballages, de la publicité et des documents d’information sur leurs produits pour se conformer aux recommandations de l’Office de la langue française de l’époque — c’était le nom de l’OQLF jusqu’en 2002. Ce recul enlève toute crédibilité et toute efficacité aux efforts antérieurs de l’Office.

Les consommateurs achètent aujourd’hui du dentifrice (non de la pâte à dents), des soutiens-gorge (non des brassières), des plateaux (non des cabarets) et fréquentent un comptoir à salades (et non un bar à salades). Ces calques de l’anglais que nous avions fini par oublier apparaîtraient de nouveau dans l’espace public par l’action de l’OQLF, qui a pour mission de guider l’usage du français parlé et écrit au Québec.

Plutôt que de dépenser des sommes folles à faire des suggestions permissives, plus farfelues les unes que les autres, l’OQLF devrait consacrer ses énergies à promouvoir des cours de francisation pour intégrer les immigrants à la société et au monde du travail, surtout dans les entreprises qui accueillent des travailleurs immigrants, afin de faire du français la langue de travail et de l’espace public.

J’aurais bien préféré que l’OQLF affiche publiquement son désaccord avec ce « bonjour,hi » qu’on nous sert de plus en plus dans les commerces ainsi que ce « bon matin » (calque de l’anglais « good morning ») au lieu de « bonjour », utilisé dans toute la francophonie, sans compter ce « pas de problème » (calque de l’anglais « no problem ») plutôt que « pas de souci ».


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