La saga SNC-Lavallin continue. Dans Le Devoir d’hier, la chroniqueuse
Francine Pelletier prenait la défense inconditionnelle de Jody Wilson-Raybould. Texte
prématuré car on savait que d’autres personnes, dont l’ancien conseiller
principal du premier ministre Justin Trudeau, allaient témoigner le lendemain
et vraisemblablement présenter une version des faits différente. La prudence
aurait dû lui dicter de respecter le principe d’équité résumé dans la sentence
latine audi et alteram partem,
écouter aussi l’autre partie, avant de se prononcer de façon aussi catégorique.
Le Devoir de ce matin titre d'ailleurs : « Butts
oppose sa vérité à celle de Wilson-Raybould ».
Je n’entends pas discuter le fond de la
chronique de Francine Pelletier. D’ailleurs j’avais pris l’habitude de ne la
lire qu’en diagonale tant ses partis pris m’horripilent jusqu’à ce qu’une
lectrice de mon blog attire mon attention sur les qualités (?) stylistiques de
la prose de la chroniqueuse. Buffon disait que le style, c’est l’homme. Eh
bien, c’est aussi la femme.
Dans son texte du 6 mars, Francine
Pelletier écrit: « ses appuis fonderont au
Canada anglais ». Ses appuis fonderont quoi? On voit ici toute la limite
des logiciels de correction, incapables qu’ils sont de faire la différence entre
les verbes fonder et fondre. Ce matin, la faute, que j’ai
signalée dans un commentaire, n’a toujours pas été corrigée dans l’édition
électronique du quotidien.
La chroniqueuse parle aussi du « supplice
médiéval qui consistait à écarteler un prisonnier, parfois jusqu’à la mort ».
Écarteler, c'est « déchirer, arracher les membres d'un supplicié en les
soumettant généralement aux tractions contraires de quatre chevaux »
(Trésor de la langue française). Parfois jusqu'à la mort? On devait être bien
costaud au Moyen Âge pour sortir vivant de ce supplice. On lit aussi que Justin
Trudeau est assis sur deux failles : c'est ce que j'appellerais filer la
métaphore de l'écartèlement (à moins qu'il ne s'agisse de l'empalement?).
J’en conclus pour ma part que la chroniqueuse
a précipité la rédaction de son texte car si elle avait attendu et pris
connaissance des points de vue des autres témoins, elle aurait été écartelée entre ces opinions et celle de Jody
Wilson-Raybould, risque qu’elle n’a pas osé prendre même si elle croit
qu’on peut parfois sortir vivant du supplice de l’écartèlement.
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