[…] le krump se fait avec une attitude rappelant les
parades d’attaque animales, ou celles des boxeurs avant match. Proche de
l’intimidation, près des codes très, très machos. […]
Le festival [le festival
Gutta zone de Laval] est d’ailleurs un festival de participants plus que de
spectateurs — quelque mille krumpers sont attendus cette année.
Catherine Lalonde, « Batailles de krump à Laval », Le Devoir, 26 septembre 2019,
p.B-1.
L’actualité, en fait un article du Devoir, m’amène à revenir sur la place
faite à la néologie dans le Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office
québécois de la langue française (OQLF). Il fut un temps, dans les années 1970,
où l’Office (pas encore québécois) de la langue française s’était donné comme
mission de rattraper le retard néologique du français en traquant, dans les
publications américaines, les mots nouveaux : ce fut la tâche qui fut
assignée à Gilles Leclerc et à son équipe. Maintenant, comme je l’ai écrit
plusieurs fois dans ce blog, l’OQLF, qui prétend orienter l’usage, peine à
décrire son évolution. L’article du Devoir,
« Batailles de krump à Laval », en offre de nouveaux exemples.
Le mot krump
est entré en anglais depuis une bonne vingtaine d’années, selon la page
Facebook Indian Hip Hop Nation. Une page de la BBC datée du 10 octobre 2016 en
fait état et cite la définition qu’en donne l’OED (Oxford English Dictionary) :
« A style of dancing originating in
Los Angeles and typically performed to hip hop music, characterized by rapid,
exaggerated movements of the arms and legs. » L’Oxford Dictionary of Dance (2e edition, 2010) donne plus
de details à l’article krumping :
« A style of hip-hop that originated
in California, drawing on elements of clowning (face painting, comic
expressiveness), popping, and African dance. It is characterized by inventive,
free style movement, often focusing on the chest and arms, and often involving
some physical contact between the dancers suggestive of a ritual battle. It has
become more aggressive in tone than its clowning origins… » On
ne danse pas le krump qu’aux États-Unis d’Amérique mais aussi au Québec, en
France, en Russie, apprend-on dans l’article du Devoir.
Wikipédia nous offre l’étymologie du mot: « Le
mot Krump est l'acronyme de Kingdom Radically Uplifted Mighty Praise (kingdom =
royaume ; radically = radicalement ; uplifted = levé,
élevé, soulevé ; mighty = puissant ; praise = éloge) ».
On ne sera pas surpris d’apprendre qu’il n’y
a pas de fiche « krump » dans le GDT. Le dérivé krumper est aussi absent.
La journaliste du Devoir n’a pas lésiné sur l’emploi des anglicismes, pas seulement
dans des propos rapportés : raw,
clowning, hype, Big, fam, show, gang, game, job. On trouve même deux mots d’origine
latine courants en anglais :
« …
chaque danseur doit développer son identité propre, à travers une persona
». Persona : « A role or character adopted by an author or an
actor » (OED)
« … une pulsion née du marasme des ghettos de L.A. circa
1990 ». En français, dans pareil cas, on se contente d’utiliser la
proposition vers.
.
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