Dans
le Devoir du 30 juin, la linguiste
Nadine Vincent reproche à Simon Durivage (Le
Devoir, 25 juin) ses critiques sur la méconnaissance par certains Québécois
du genre des mots commençant par une voyelle ou un h aspiré. Si
M. Durivage connaissait l’histoire du français, croit-elle, il aimerait
mieux sa langue : car, « pour aimer, il faut d’abord connaître ».
M. Durivage, vous devriez donc vous taire. C’est la même médecine qu’on a
servie au compositeur, chanteur et poète Georges Dor lorsque, dans trois essais,
il s’était inquiété de la langue des jeunes Québécois et de celle des
médias : vous n’êtes pas linguiste, vous n’avez pas voix au chapitre.
C’est oublier que la langue est d’abord la propriété des citoyens, pas une
chasse gardée de spécialistes.
Pour
la linguiste, dire « une autobus », « c’est de l’oral familier
au Québec ». « Dans un oral plus standard », écrit-elle, « autobus »
est masculin. Pourtant, j’ai entendu à Ici Radio-Canada Première, cette semaine
même, un journaliste qui parlait de deux autobus, « la première » et
« la deuxième ».
Si
les Québécois ont autant d’hésitations sur le genre de certains noms, ne
mettons surtout pas en cause l’enseignement du français : après tout,
« l’hésitation dans l’attribution des genres est déjà notée depuis
quelques siècles pour l’ensemble des francophones ». C’est un héritage des
xvie et xviie siècles. Rien n’empêche
en effet de préférer la chaise à porteurs au vélo, la diligence au train,
l’époque où la médecine vous soignait à coup de saignées et de clystères, où
n’existaient pas encore l’aspirine et les antibiotiques, mais où on disait
« un asparge » et « une escalier ». Pourtant, la langue
évolue et, avec elle, la norme; certains linguistes, pas. Ils reprennent, en
leurs termes savants, la formule des anciens chauffeurs d’autobus : avancez en arrière !
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