Le
Devoir continue de publier les samedis de l’été une chronique
sur la langue dont il dit qu’elle est « à mi-chemin entre l’essai et la
vulgarisation scientifique. » Essai, je veux bien. Mais pour la
vulgarisation scientifique, on repassera. Quelques commentaires sur la
chronique du 10 août qui portait sur l’écriture inclusive.
« C’est
une fierté pour le Québec d’avoir été à l’avant-garde de la féminisation des
noms de métiers et de fonctions en français. Inspirés par le mouvement
provenant des États-Unis, le Canada puis le Québec emboîtent le pas dès 1979. »
Comme l’a fait remarquer un lecteur sur le site Internet du Devoir, les
noms de métiers n’ont pas de genre en anglais : he is an engineer, she
is an engineer. Quant aux noms de fonctions, quelques-uns ont déjà des
féminins : earl / countess, prince / princess, mayor /
mayoress (rare). On cherche donc l'influence américaine. La seule que je puisse imaginer a dû se faire sentir
principalement dans les milieux universitaires où on a voulu voir dans chairman
un terme sexiste que l’on a d’abord remplacé par chairperson avant d’en
venir à chair, tout court. Mais ce n'est pas de la féminisation.
Autre
citation : « [...] les marques de genre et de nombre, qui ne
reflètent pas le fonctionnement réel de la langue. » Les marques de
genre et de nombre ne reflètent pas le fonctionnement réel de la langue ?
Où l’autrice a-t-elle fait ses études de linguistique ? J’imagine que, si
elle est chomskyenne, au fin fond de la structure profonde il peut ne pas y
avoir de marques de genre ou de nombre et qu'elles apparaissent en surface par le
miracle de quelques transformations...
« La
règle générale de formation du féminin en français n’est pas la prononciation
du « e » final dans le nom, devenu muet, mais de la consonne
précédente. Ceci se répercute aussi sur le déterminant et l’adjectif (un petit
ami → une petite amie). » L’exemple est mal
choisi puisque le « t » se fait entendre devant un nom
commençant par une voyelle.
« On
ne peut pas freiner le train en marche ». Ne faut-il pas que le train soit
déjà en marche pour qu’on puisse le freiner ?
L’autrice
ne cesse de se référer à l’Académie française, qui est une cible facile. Mais elle n'est pas la seule à
avoir émis des réserves sur l’écriture inclusive. Comment l'autrice peut-elle ignorer la
tribune de 32 linguistes contre l’écriture inclusive (cliquer ici) ?
J’ai écrit deux autres billets sur l’écriture
inclusive : cliquer ici et ici.
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