lundi 12 août 2024

Inclusion, que ne dit-on en ton nom?


Le Devoir continue de publier les samedis de l’été une chronique sur la langue dont il dit qu’elle est « à mi-chemin entre l’essai et la vulgarisation scientifique. » Essai, je veux bien. Mais pour la vulgarisation scientifique, on repassera. Quelques commentaires sur la chronique du 10 août qui portait sur l’écriture inclusive.

« C’est une fierté pour le Québec d’avoir été à l’avant-garde de la féminisation des noms de métiers et de fonctions en français. Inspirés par le mouvement provenant des États-Unis, le Canada puis le Québec emboîtent le pas dès 1979. » Comme l’a fait remarquer un lecteur sur le site Internet du Devoir, les noms de métiers n’ont pas de genre en anglais : he is an engineer, she is an engineer. Quant aux noms de fonctions, quelques-uns ont déjà des féminins : earl / countess, prince / princess, mayor / mayoress (rare). On cherche donc l'influence américaine. La seule que je puisse imaginer a dû se faire sentir principalement dans les milieux universitaires où on a voulu voir dans chairman un terme sexiste que l’on a d’abord remplacé par chairperson avant d’en venir à chair, tout court. Mais ce n'est pas de la féminisation.

Autre citation : « [...] les marques de genre et de nombre, qui ne reflètent pas le fonctionnement réel de la langue. » Les marques de genre et de nombre ne reflètent pas le fonctionnement réel de la langue ? Où l’autrice a-t-elle fait ses études de linguistique ? J’imagine que, si elle est chomskyenne, au fin fond de la structure profonde il peut ne pas y avoir de marques de genre ou de nombre et qu'elles apparaissent en surface par le miracle de quelques transformations...

« La règle générale de formation du féminin en français n’est pas la prononciation du « e » final dans le nom, devenu muet, mais de la consonne précédente. Ceci se répercute aussi sur le déterminant et l’adjectif (un petit ami  une petite amie). » L’exemple est mal choisi puisque le « t » se fait entendre devant un nom commençant par une voyelle.

« On ne peut pas freiner le train en marche ». Ne faut-il pas que le train soit déjà en marche pour qu’on puisse le freiner ?

L’autrice ne cesse de se référer à l’Académie française, qui est une cible facile. Mais elle n'est pas la seule à avoir émis des réserves sur l’écriture inclusive. Comment l'autrice peut-elle ignorer la tribune de 32 linguistes contre l’écriture inclusive (cliquer ici) ?

J’ai écrit deux autres billets sur l’écriture inclusive : cliquer ici et ici.

 

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