Aujourd’hui
je commente la fiche amphithéâtre, « bâtiment
de grande dimension qui comprend une enceinte munie de gradins, etc. » du Grand Dictionnaire terminologique
(GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF). Rappelons que le
mot amphithéâtre pour désigner le
futur stade couvert de Québec est un anglicisme. Il est en effet recensé comme
tel dans le Dictionnaire québécois‑français
de Lionel Meney.
La fiche du GDT, qui admet que le sens donné au
Québec au mot amphithéâtre vient bien de l’anglais, nous livre ce
commentaire étonnant : « L'emprunt est acceptable parce qu'il ne fait pas de
réelle concurrence à d'autres termes synonymes en français. » Fort
curieusement, le GDT, qui va parfois jusqu’à la prolixité dans la mention des
synonymes, n’en donne ici aucun. Il faut donc se mettre à la recherche des « termes
synonymes en français » qui ne font « pas de réelle concurrence »
à amphithéâtre. Pas besoin de
chercher longtemps, deux viennent immédiatement à l’esprit : stade et aréna. Mais il est loin d’être assuré qu’ils ne font pas de réelle
concurrence.
Regardons ce que
le GDT nous dit d'aréna : « Bâtiment où se trouve une
piste de patinage entourée de gradins ». Ce qui n’est pas éloigné, n’est-ce
pas, du sens que le même GDT donne à amphithéâtre (« au Québec,
l’amphithéâtre est le plus souvent associé à la pratique du hockey sur glace »).
Une note ajoute : « L’aréna est parfois utilisé pour d’autres
activités que le patinage. Il peut aussi être aménagé de façon à comprendre des
locaux qui servent à diverses activités récréatives ou autres. » On n’est
donc pas loin non plus du sens de « bâtiment multifonctionnel » que le GDT
ajoute à amphithéâtre.
Malgré ce que dit le GDT, le mot stade est lui aussi
en concurrence avec amphithéâtre. Je
n’ai curieusement pas trouvé dans le GDT de fiche produite par l’Office portant
sur le mot stade pour désigner un bâtiment où se produisent des activités
sportives (il y a des fiches sur stade
mais produites par des organismes autres que l’Office ou portant sur d’autres
domaines – stade d’une maladie, par exemple). Cela n’est peut-être pas dû au
hasard. En effet, comment aurait-on pu produire une fiche sur stade sans mentionner que dans l’usage
français et québécois actuel le mot désigne un bâtiment pouvant accueillir non
seulement des événements sportifs mais aussi des concerts et de grands
spectacles ? Comme au Stade olympique de Montréal et au stade de France :
• On peut lire sur le site du Stade olympique de Montréal : « Rencontres
sportives (dont celles de l’Impact de Montréal), salons, foires, spectacles,
expositions, tournages de films, événements sociaux, etc. : le Stade
olympique accueille bien des événements. »
• Dans Wikipédia, on lit à l’entrée stade de France : « Construit
pour les besoins de la Coupe du Monde de football en France afin de remplacer
le Parc des Princes jugé trop petit, il a également été conçu pour accueillir
différents événements sportifs : football, rugby, athlétisme, courses
automobiles. Il peut également abriter des concerts, des grands spectacles et
des animations (rêve de neige et la plage au stade). Sa capacité évolue entre
70 000 (athlétisme) et 81 338 places (football, rugby, concerts et
spectacles) grâce à des tribunes basses rétractables. »
Concerts de juin 2014 au stade de France |
Le raisonnement de
l’auteur de la fiche amphithéâtre
dans le GDT est donc totalement faux : « L'emprunt
est acceptable parce qu'il ne fait pas de réelle concurrence à d'autres termes
synonymes en français. » L’emprunt est en concurrence réelle avec deux
mots, aréna (en français québécois)
et stade (en français standard).
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