Il fut un temps où la locution latine errare humanum est était plus courante qu’aujourd’hui
mais on en ignorait souvent la version complète : errare humanum est, perseverare
diabolicum. Persister dans son erreur est diabolique.
Eu feuilletant récemment le second tome des
Problèmes de linguistique générale de
Benveniste, j’ai trouvé un exemple qui montre le côté diabolique, pour ainsi
dire, des dictionnaires qui se transmettent de l’un à l’autre la même erreur. Quelques-uns
le savaient, plusieurs s’en doutaient, les dictionnaires se copient les uns les
autres depuis des siècles. Dans un texte publié pour la première fois en 1966, Benveniste
étudie l’étymologie de microbe, mot
créé au xixe siècle
par un savant français : du Dictionnaire
général (1890) au Petit Robert, on
dit que le mot est un emprunt au grec μικρόϐιος et qu’il signifie « dont
la vie est courte ». Double erreur !
En effet, le mot μικρόϐιος
n’existe pas en grec ancien. On voit qu’il est absent du Dictionnaire grec-français de Bailly :
En second lieu, μικρός ne signifie pas « court »,
mais « petit ». Court se dit plutôt βραχύς.
En fait, le mot a été créé par le savant
Sédillot à partir de deux mots grecs, μικρός (petit) et βίος (vie). C’est d’ailleurs
l’étymologie que donne Wikipédia.
Doit-on s’étonner qu’Usito, pourtant produit un
demi-siècle après l’article de Benveniste repris dans un ouvrage publié en 1980
et qui devrait être une lecture obligatoire dans les cours de linguistique,
perpétue la fausse étymologie de ses prédécesseurs ?
Source: Usito, s.v. microbe |
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