Le nouveau paradigme décrit dans le billet précédent permet de dépasser l’opposition, de plus en plus stérile, entre langue québécoise standard, encore promue dans certains milieux, et français standard européen. Comme le montre Lionel Meney dans son livre Main basse sur la langue, on ne peut plus utiliser des équations du type UQ (usage du Québec) tomber en amour = UF (usage de France) tomber amoureux, parce que cela ne reflète pas l’usage réel que permettent maintenant de contribuer à décrire des instruments comme la base de données Eureka. Grâce à cette dernière, Lionel Meney a pu montrer que le québécisme (en fait, calque de l’anglais) tomber en amour est minoritaire même dans les journaux publiés au Québec (36 % des occurrences). Il fournit de nombreux autres exemples montrant que les termes qui passent pour « spécifiquement québécois » sont en concurrence avec les termes français internationaux et que les seconds sont souvent plus fréquents que les premiers dans la presse québécoise.
L’opposition entre UQ et UF, qui ne tient manifestement plus la route, est un anachronisme à l’époque de la mondialisation et ne pourra satisfaire les jeunes qui ne peuvent guère y voir qu’une manière de les ghettoïser en les enfermant dans une variété de langue à usage purement local et en rendant plus difficile leur affirmation et leur mobilité sur le plan international.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire