lundi 22 février 2016

La chronique d’une guerre picrocholine


Dans deux billets publiés la semaine dernière dans son blog de Mediapart, le linguiste français Robert Chaudenson a fait l’historique des rectifications orthographiques de 1990 proposées par le Conseil supérieur de la langue française (de France) et approuvées alors à l’unanimité par l’Académie française sous la réserve essentielle du maintien des deux orthographes, l’ancienne et la nouvelle. On sait que le débat a récemment resurgi en France, l’Académie se plaçant dorénavant du coté des opposants à la réforme.


Les deux billets de Robert Chaudenson :


Robert Chaudenson conclut que « rien n’a changé en un quart de siècle et, à quelques inexactitudes ou erreurs historiques près de part et d’autre, chacun campe sur ses positions. » Bref, « tout le monde a tort et raison à la fois ! »


Ce que Chaudenson ne dit pas dans cet historique, c’est que, dans la rédaction des propositions de rectifications, la France n’a consulté officiellement aucun de ses partenaires francophones. Il se trouve toutefois qu’un des membres du Conseil supérieur de la langue française de France, nommés par décret* du gouvernement français, était un grammairien belge, André Goosse. Il ne représentait donc pas officiellement la Belgique. Les Belges ont eu la gentillesse, ou le bon sens diplomatique, de considérer qu’ils avaient été consultés. Les Québécois ont eu vent, un peu par hasard, à l’occasion d’une mission en France du président de leur Conseil (pas encore supérieur) de la langue française, des travaux alors en cours mais sur le point de se terminer. Des spécialistes québécois rapidement consultés ont fait des propositions allant assez loin dans la voie de la réforme mais elles n’ont pas été retenues. Le Québec a tout de même entériné le projet, tout comme l’ont fait les Belges : l’essentiel étant de montrer qu’il était possible de bouger sur la question de l’orthographe. Quant aux Suisses, on ne leur a pas demandé leur avis : c’est pour ne plus être tenus à l’écart qu’ils ont ensuite créé leur Délégation à la langue française (comme le rappelle d’ailleurs le site de la Délégation : « La DLF a été fondée en 1992, dans la mouvance des rectifications orthographiques du début des années nonante »). Et on a encore moins songé à consulter les autres francophones. 
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* En 1993, le gouvernement français a nommé la Québécoise Denise Bombardier à son Conseil supérieur de la langue française et en 2003 l’Acadienne Antonine Maillet.


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