Mon
dernier billet sur le mot raquetteur et
celui de Lionel Meney sur le même thème m’ont donné l’idée d’aller voir ce qu’en
disait le Grand Dictionnaire terminologique (GDT) de l’Office québécois de la
langue française (OQLF). J’y ai trouvé cette note :
À la fin du XIXe siècle,
les bourgeois urbains développent un intérêt soutenu pour la
raquette qui devient un véritable sport d'hiver. Jadis un moyen de transport des Amérindiens qu'avaient repris les
paysans, la raquette donne lieu dans les années 1850 à 1900 à la création dans
les villes de nombreux clubs de raquetteurs avec leur propre couleur, à
l'organisation de fêtes, de marathons et de courses où se révèlent des
champions.
–
Grand Dictionnaire terminologique (GDT), fiche « raquetteur » (2003)
Les
bourgeois urbains ?
Pour le Trésor de la langue française
informatisé (TLFi), le bourgeois est d’abord le « citoyen d’une
ville ». En français plus ancien, le bourgeois était un habitant d’un
bourg ou d’une ville. Dans les siècles passés, il a existé une différence entre
bourgeois urbains (ou bourgeois libres) et bourgeois forains. Ces derniers n’étaient
pas domiciliés dans la cité mais ils en avaient acquis la qualité de bourgeois*.
Mais ces distinctions sociales ont disparu il y a belle lurette.
Si le GDT a
une fiche « bourgeois », il ne définit toutefois pas le mot, se
contentant d’une équivalence bourgeois
(adj. !) = middle-class
(sans mention de catégorie grammaticale). Rien donc sur bourgeois urbain. Comment un dictionnaire peut-il introduire dans
ses définitions des mots qu’il ne définit pas par ailleurs ?
L’appellation
de bourgeois urbain me semble discutable. J’ai découvert que le rédacteur l’a
tout simplement reprise du livre Histoire
et origines de la ceinture fléchée traditionnelle dite de l’Assomption
(p. 50). Il aurait été plus juste et plus simple de dire que le sport de la
raquette est né en ville – en fait chez un groupe de bourgeois anglophones de Montréal
dans les années 1840. « À la fin des années 1860, les clubs de raquettes
sont déjà fort nombreux à Montréal », nous dit l'Encyclopédie canadienne.
* * *
« Jadis un moyen de transport » : tournure anglaise. En
français standard, on ne met pas l’article indéfini en pareil cas : jadis moyen de transport, … la raquette…
Faut-il encore s’étonner de trouver un
calque syntaxique dans le GDT ?
* * *
« Les
motifs et les couleurs des ceintures variaient en fonction des clubs de raquetteurs »
lit-on dans le livre Histoire et origines
de la ceinture fléchée traditionnelle dite de l’Assomption**. La fiche du
GDT dit : « la création dans les villes
de nombreux clubs de raquetteurs avec leur propre couleur ». Il aurait été plus juste d’écrire
le mot couleur au pluriel.
_____________
* Cf. Jean-Marie Cauchies, La législation princière pour le comté de Hainaut: ducs de Bourgogne et
premiers Habsbourg (1427-1506), Bruxelles, Facultés universitaires Saint-Louis,
1982, p. 481.
** L’Association des artisans de ceinture fléchée de
Lanaudière inc., Histoire et origines de
la ceinture fléchée traditionnelle dite de l’Assomption, Sillery,
Septentrion, 1994, p. 51.
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