Dans
les fiches du Grand Dictionnaire terminologique (GDT) que l’Office québécois de
la langue française met en vedette chaque mois, il y a souvent matière à billet
de blog. Ainsi en est-il encore ce mois-ci. Dans la fiche « directissime »,
de 2019, on peut lire la note :
L'emprunt intégral adapté directissime,
de l'italien direttissima qui
signifie « la plus directe », est acceptable puisqu'il est légitimé
en français au Québec et ailleurs en francophonie.
Dans
la mesure où un emprunt est adapté, on peut se demander s’il s’agit encore d’un
emprunt intégral. Mais cette subtilité sémantique aura échappé au rédacteur de
la fiche.
L’OQLF
ressort aussi une idée-phare de la dernière Politique
de l’emprunt linguistique, la légitimation. On n’a jamais su comment se
faisait au juste cette légitimation. L’hypothèse de Nadine Vincent, dans un
texte publié le 29 septembre 2017 dans Le
Devoir, est la plus vraisemblable :
[…] la nouvelle politique de
l’emprunt de l’OQLF étonne. Elle prétend qu’elle opte maintenant pour une « stratégie
d’intervention réaliste », qu’elle va tenir compte de la « légitimité »
des usages et de leur traitement dans des « ouvrages
normatifs ». Or, sur qui se basent les ouvrages normatifs pour
accepter ou critiquer un emploi : bien souvent sur l’OQLF !
Je
viens de trouver une illustration on ne peut plus claire de ce cercle vicieux
dans la note accompagnant la fiche « cyberdépendance » qui date de la
même année (2017) que la Politique de l’emprunt
linguistique :
L'emprunt intégral à l'anglais addiction,
surtout en usage en Europe francophone, ne s'inscrit pas dans la norme
sociolinguistique du français au Québec; il est notamment
critiqué dans les principaux ouvrages de référence québécois.
Les
ouvrages normatifs se basent sur l’OQLF et l’OQLF sur les ouvrages normatifs.
Et voilà comment s’édifie la norme du « français standard en usage au
Québec »!
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