vendredi 18 octobre 2019

Textes refusés


Je viens de découvrir que Le Devoir archive les commentaires en ligne de ses abonnés, y compris les commentaires refusés. Voici donc mes commentaires refusés et, à la relecture, je ne vois pas quels pourraient être les motifs de cette censure (sauf pour un qu’on a dû interpréter comme un crime de lèse-majesté) :

4 mars 2010 :
Vérifier ses sources
Normand Rousseau écrit : «Pierre, qui a assassiné Ananie et Zaphyre.» Or, on lit dans les Actes : «Mais un homme nommé Ananias, avec Saphira sa femme, vendit une propriété, et retint une partie du prix, sa femme le sachant; puis il apporta le reste, et le déposa aux pieds des apôtres. Pierre lui dit: Ananias, pourquoi Satan a-t-il rempli ton coeur, au point que tu mentes au Saint Esprit, et que tu aies retenu une partie du prix du champ? S'il n'eût pas été vendu, ne te restait-il pas? Et, après qu'il a été vendu, le prix n'était-il pas à ta disposition? Comment as-tu pu mettre en ton coeur un pareil dessein? Ce n'est pas à des hommes que tu as menti, mais à Dieu. Ananias, entendant ces paroles, tomba, et expira.» Peut-on vraiment dire que Pierre a assassiné Ananias?

27 avril 2012
Autre erreur historique?
Le «ministère du Saint-Sulpice à Paris»? Serait-ce une autre erreur historique? J'ai beau chercher, je ne trouve pas d'explication. Et Mgr Latigue n'était pas en 1821 évêque DE Montréal mais évêque À Montréal. En effet, pendant les premières années (de 1821 à 1836), il était auxiliaire de l'évêque de Québec (il était évêque in partibus infidelium: Telmesse en Lycie). Un détail, mais qui s'inscrit dans la longue rivalité entre Québec et Montréal.

11 septembre 2014
Précédent royal
Être tampon, n'était-ce pas le rêve de Charles? Cf. Libération du 9 avril 2005. http://www.liberation.fr/monde/2005/04/09/charles-et-camilla-enterrent-leur-vie-d-adultere_515853

26 janvier 2016
Pour autant que je sache, la politique officielle du Québec sur l’immigration est celle qui a été adoptée en 1990. Elle reconnaît que les institutions publiques anglophones – dont les établissements des réseaux de la santé et des services sociaux – continueront à jouer un rôle dans l’intégration des immigrants : « Cependant, il est probable — et somme toute compréhensible — que certains de ces immigrants continueront de privilégier l’intégration à la communauté anglophone, surtout à la première génération. Par la suite, l’impact de la fréquentation de l’école française par leurs enfants devrait favoriser leur intégration progressive à la communauté francophone. Le Gouvernement reconnaît donc le rôle qu’ont à jouer certaines institutions anglophones — notamment celles du réseau de la santé et des services sociaux — dans l’intégration d’une partie des nouveaux arrivants ainsi que dans le soutien à la pleine participation des Québécois des communautés culturelles plus anciennes qu’elles ont accueillis dans le passé. C’est pourquoi, même si la priorité sera accordée à l’adaptation à la réalité pluraliste des institutions francophones où le rattrapage à effectuer est plus important, le Gouvernement soutiendra également, dans le cadre de sa politique d’intégration, les institutions anglophones » (Ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles, Au Québec pour bâtir ensemble, Énoncé de politique en matière d’immigration et d’intégration, 1990, page 15, note 8.) Cette note, dissimulée en bas d’une page, le ministère de l’Immigration se garde bien de la brandir. À preuve, lors d’un séminaire au Conseil de la langue française dans les mois qui ont suivi la publication de l’énoncé de politique, j’ai posé une question sur cette note à une directrice du MICC. Elle m’a dit que je me trompais, qu’il n’y avait rien de tel dans la politique gouvernementale. Malheureusement, je n’avais pas sous la main mon exemplaire annoté. 

25 février 2019 :
Nuances
[Ce texte a été publié sous le titre « Les linguistes à l’Académie » après que j’eus changé le début pour la formulation suivante : « À mon avis, il est faux d’écrire que l’Académie n’a pas eu… » On comprend qu’il fallait ménager la susceptibilité du chroniqueur.]
Il est un peu court, pour ne pas dire simpliste, d’écrire que l’Académie n’a pas eu de « vraies pointures parmi les lexicographes, les grammairiens et les linguistes renommés. » L’académicien Claude Lévi-Strauss avait étudié les travaux du linguiste-anthropologue américain Boas et avait collaboré avec le linguiste (et prince) russe Nicolas Troubetzkoï. L’académicien Georges Dumézil « maniait » une trentaine de langues et en maîtrisait dix-huit. Ce sont eux qui ont contribué à définir la position de l’Académie en matière de féminisation. Position tout à fait défendable mais uniquement du point de vue grammatical ou syntaxique (c’est-à-dire les règles d'accord: le terme non marqué, qu'il s'agisse du genre, du nombre ou du temps, peut toujours s'employer à la place du terme marqué). Leur esprit de système leur a malheureusement fait étendre cette règle à la désignation des personnes, ce qui heurtait de plein fouet le mouvement d’émancipation des femmes. En gros, on aurait dû se contenter d’intervenir uniquement dans le domaine des accords et proposer la manière suivante de dire: «la secrétaire perpétuelle était alors enceinte» mais: «il y aura une réunion des directeurs» (incluant donc les directrices) même si on peut préférer d'autres formulations: «réunion des directeurs et directrices, réunion de la direction». On écrira aussi: «la présidente et le directeur sont venus» (accord selon le terme non marqué, ici le masculin). Ça, c'est la base. Reste à voir jusqu'où l'idéologie parviendra à l'ébranler. Peut-être finira-t-on par accepter l'accord de proximité, comme d’aucuns le proposent à l’heure actuelle. On cite des exemples anciens de cet accord: mais, à l'époque, les gens n'écrivaient pas leurs textes eux-mêmes à la main: César, Cicéron avaient des esclaves (scribes), Napoléon des secrétaires à qui ils dictaient et, dans la langue parlée, on est plus enclin à faire l'accord selon la proximité.


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