Depuis
leur première diffusion le 8 octobre 1956, il n’y a guère d’années où Les Belles Histoires des pays d’en-haut
n’ont pas été présentées à la télévision, en diffusion originale d'abord puis en reprise.
Le prénom du personnage principal de la série, Séraphin, est devenu au Québec
synonyme d’avare et le mot est à ce titre enregistré dans le dictionnaire en
ligne Usito. On m’a raconté qu’il a même fait fortune au Mexique où, dans
certaines stations balnéaires, l’appellation los serafinos, de concert avec los
tabarnacos, sert à désigner les Québécois.
L’autre
jour, j’écoutais un épisode des Belles
Histoires où un personnage payait avec une pièce d’un écu (une pièce de
cinquante cents). Ce sens n’a pas été enregistré dans Usito. On me dit que le
mot écu reparaît dans plusieurs
épisodes de la série. Terme vieilli certes, mais mot utilisé fréquemment dans
une émission dont la popularité ne se dément pas depuis plus de six décennies
et qui est reprogrammée année après année : comment a-t-il pu réussir à
échapper à l’attention des rédacteurs d’Usito ? Ils montrent, une fois de
plus, qu’en dépit de toutes leurs prétentions ils décrivent bien mal les usages
du français au Québec. Comment un jeune d’aujourd’hui peut-il apprendre la
signification de ce mot ? Il n’apparaît ni dans la nomenclature d’Usito ni
dans celle du Grand Dictionnaire terminologique de l’Office québécois de la langue
française (à juste titre d’ailleurs, car le GDT n’est pas un dictionnaire
historique du français au Québec malgré les essais de certains de ses rédacteurs
de se lancer dans cette voie, cf. le traitement réservé à vidanges dans la fiche « ordures ménagères »). Mais, à
force de chercher, on finira par trouver écu
dans la Base de données lexicographiques panfrancophone.
Dans
le domaine monétaire, notre dictionnaire national a pourtant enregistré le
désuet chelin (shilling), le trente sous (pièce de vingt-cinq cents)
en nette perte de vitesse et même l’archaïque centin (« centième partie du dollar ») et une ancienne
monnaie française, le liard (« quart d’un sou »), mot qui n’est plus
utilisé de nos jours que dans des expressions qu’Usito ne mentionne même pas.
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