mardi 12 avril 2011

Le québécois standard, langue calque : la conclusion /5


Si l’on fait abstraction, d’une part, des calques dont on a traité dans les billets précédents et, d’autre part, des 1000 à 2000 mots nécessaires pour rendre compte des réalités, surtout mais non uniquement administratives, propres au Québec (statalismes), il faut conclure que ce que certains appellent démagogiquement la langue québécoise est simplement et pour l’essentiel du français tout court, du moins en ce qui concerne la langue écrite.

Dans ces conditions, il n’y a pas lieu de s’étonner de la levée de boucliers contre le projet de traduction de Tintin en québécois (automne 2008). Car une telle traduction ne peut s’appuyer que sur l’une des propositions suivantes :

soit le québécois est une langue à part, calquée largement sur l’anglais avec addition de 1000 à 2000 statalismes et de quelques centaines d’archaïsmes, auquel cas une traduction se justifie mais heurtera la sensibilité des Québécois ;

soit le québécois est simplement un niveau de langue familier et la traduction sera, là aussi, mal reçue du public auquel on la destine.

Or, le québécois, débarrassé de ses calques, statalismes et archaïsmes, ne se différencie pas du français dit international et la traduction se révèle largement inutile.

Nous retiendrons de cette discussion qu’une des principales caractéristiques du québécois parlé ou écrit dans les circonstances « formelles » (formal) – sauf quand interviennent des réviseurs qui, pourtant bien malgré eux, ne sont pas sans laisser passer des scories – est l’interférence omniprésente de la langue anglaise, fait largement occulté par les partisans d’une norme propre au Québec qui préfèrent se servir pour illustrer leurs propos d’exemples autrement moins fréquents – et plus pittoresques – comme coquemart ou bombe (bouilloire), frasil, drave, etc., dans le but de faire vibrer la fibre du patrimoine linguistique en péril, argument qui a prouvé son utilité dans l’obtention de subventions, c’est-à-dire pour continuer de faire bouillir la marmite.

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