Dans
le cadre de son cours, toujours à Regina Assumpta, une autre prof devait
aborder le thème de l’identité. Elle raconte : « Alors que nous
étions en pleine discussion sur nos valeurs en tant que citoyens, un des deux
élèves de souche de mon groupe a levé la main pour s’exprimer. C’est alors que
tout le groupe s’est mis à rire et à huer en disant que les Kebs n’avaient pas
de valeurs et que nos filles et nos femmes sont en fait des traînées (j’emploie
un vocabulaire acceptable ici […]). Je suis rapidement intervenue et fus coupée
par un grand gaillard d’origine maghrébine qui m’a lancé : “Madame, vous
ne pouvez pas comprendre parce que les Kebs, vous n’avez pas de culture. Vous
faites des trucs de Blancs comme aller au chalet et faire du ski et vous
n’éduquez pas vos enfants.” »
—Jean-François
Lisée, « Identité anti-québécoise », Le Devoir, 24 février 2024
J’ai
découvert le mot Keb pour désigner un Québécois dans cette chronique de
Jean-François Lisée. Le mot est inconnu du Wiktionnaire et d’Usito (rien d’étonnant,
sa base de données semble ancienne) et on le trouve très peu dans Internet :
il s’emploie pour désigner un club de basketball (les Kebs de Laval ou Kebekwa
de Laval : « C'est la fin pour les Kebs à Québec », Le Soleil,
3 mai 2012) ou en parlant du rap (« Le meilleur du ‘rap keb’ de la
dernière décennie », Journal de Québec, 16 mai 2020).
À en
croire les témoignages réunis par Jean-François Lisée, le mot serait courant
dans la langue parlée des élèves de Montréal et serait utilisé dans un contexte
de dénigrement. Il cite deux témoignages d’enseignants :
« Dans
toutes les écoles de la région de Montréal où j’ai travaillé ces 15 dernières
années, je n’en reviens pas de constater l’attitude de mépris ou de honte à
l’égard de la langue et de la culture québécoise. »
« Les
élèves détestent les francophones. On fait la vie très dure à ceux qui veulent
parler français et défendre le fait français : ils sont humiliés et
dénigrés en personne et sur les réseaux sociaux »
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