Je continue ma critique de la fiche
« limonade = lemonade »
du Grand Dictionnaire
terminologique (GDT) de l’Office québécois de la langue française (OQLF). Elle illustre
parfaitement la dérive qu’entraîne l’abandon des principes de la recherche
terminologique qui ont contribué à une époque à la renommée de l’Office. Autres
temps, autres mœurs.
On ne
trouve presque plus de définitions anglaises dans les fiches du GDT rédigées
depuis une quinzaine d’années. Si le rédacteur de la fiche
« limonade = lemonade »
était parti de la définition anglaise de lemonade
et, condition tout aussi importante, s’il n’avait pas été aveuglé par l’idéologie
endogéniste, il aurait abouti à des conclusions différentes.
Prenons les définitions de lemonade dans le Webster :
1) a drink made usually
of lemon juice, sugar, and water
2) a sweet
lemon-flavored drink that contains many bubbles : a lemon soda
La première correspond à celle de citronnade: « Boisson
rafraîchissante à base d'eau sucrée additionnée de jus ou de sirop de citron »
(Trésor de la langue française informatisé).
La seconde correspond à celle de limonade : « Boisson
rafraîchissante faite d'eau saturée d'acide carbonique, légèrement sucrée,
parfumée avec du sirop ou de l'essence de citron » (Trésor de la langue française
informatisé). C’est, pour l’essentiel, la définition normalisée par l’Office
lui-même (voir le billet précédent).
Le tome 8 de l’Encyclopédie méthodique,
Médecine (Enclyclopédie Panckoucke), paru… en 1808, nous apprend que le mot
limonade, au sens de « boisson faite de jus de limon ou de citron, d'eau
et de sucre », était déjà vieilli à l’époque. On y lit en effet : « Les
limonades étaient destinées à activer les fonctions digestives ou à servir de
boisson aux malades, à la façon des tisanes » (cité dans le TLFi).
Il serait
peut-être temps que, sur ce point précis, le GDT prenne acte de deux siècles d’évolution
de la langue française.
Mais, on le
sait, les endogénistes se comportent en chauffeurs d’autobus québécois :
Avancez en arrière, nous disent-ils (voir mon billet « Le purisme pure-laine ou le Grand Bond en arrière »).
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